Vu au Théâtre Le Reflet, Vevey, le 11 janvier 2025
Yverdon, Théâtre Benno Besson, les 24 et 25 janvier 2025, puis en France, quatre dates en avril à Paris (toutes les dates).
Bientôt 35 ans que l’écrivain Philippe Djian signe les paroles de chansons de Stephan Eicher. Des poèmes si évocateurs, si puissants. Leur connivence n’est pas que professionnelle, mais aussi amicale. Le troisième larron, Antoine de Caunes, est le premier du trio à avoir rencontré (et adoubé) Stephan Eicher qu’il désigne comme étant pour lui un aventurier et qu’il présente à Philippe Djian. Ce spectacle le démontre une nouvelle fois: Eicher le musicien est un chercheur, il n’hésite pas à explorer artistiquement les chemins les moins fréquentés.
Cette fois, ce sera le théâtre. Ou la comédie. Musicale. Ou le concert. Théâtralisé. ou la performance. Musicalisée. Et subtilement scénographiée.

Un jour, Stephan assiste à la « Conférence de choses » jouée par Pierre Mifsud. Le voilà harponné par ce théâtre de simplicité et d’humour, si proche du public, sans ironie à son égard, sachant élever le débat dans la joie. Derrière cette performance, il y a le formidable metteur en scène François Gremaud. Le musicien chanteur rencontre alors le génial géniteur de « Phèdre! » (que j’ai vu trois fois!), « Giselle…« et « Carmen.« . Leur fructueuse collaboration aboutit à ce lumineux avénement.
La mise en scène mêle les mélodies et les chansons intemporelles de Stephan Eicher à ses prises de paroles, enchevêtrant la vie du chanteur à ses performances, englobant l’intimité de l’artiste à celle des spectateurices. Par de petites choses: une verveine, un instrument, un tube écouté ensemble, quelques souvenirs partagés. Par l’ingéniosité d’une scénographie surprenante. Et par cet écran géant caméléon qui projette les mots comme on prend la parole, tel un Sganarelle artificiel.
Ceux qui suivent sont les mots de Stephan. Le punk timide de la première heure a cédé la place à la tendre saudade de la maturité, tout en conservant son éclat singulier. Qu’il soit entouré d’un grand orchestre ou de ses automates, qu’il joue sur un radeau ou au Victoria Hall, qu’il trifouille son vieux sampler ou gratouille sa guitare, Stephan Eicher, ineffable rockeur populaire, possède en outre l’art de s’entourer et de s’élever en nous entraînant à sa suite. Pour notre plus grand plaisir!
Le hasard, mon fidèle compagnon, qui connaît toutes les abréviations et inversions mieux que n’importe quel GPS, m’a emmené, lors d’une flânerie de printemps, dans un quartier moins affairiste ; un quartier rêveur, presque villageois, dans cette ville où je me trouvais par hasard.
Le hasard, toujours lui, m’obligea à contourner un tramway accidenté. Et je me retrouvais sur une place où de grands arbres cachaient une récente et élégante bâtisse, couchée comme un animal sauvage, sûr de lui, sans peur. Le bâtiment portait la mention THÉÂTRE.
Au cours de mes 40 années en tant que musicien itinérant, j’ai appris que les théâtres sont de bons endroits pour exercer cet acte à la fois excitant et effrayant qui est de monter sur scène devant un public.
Je sais qu’il a un rideau rouge et lourd qui étouffe la rumeur du monde extérieur et ses actualités sans fin ; qu’il y a un public qui s’est soigneusement préparé pour ce rendez-vous et amène le plus précieux des biens: son attention! J’aspire depuis longtemps à passer davantage de temps qu’une seule soirée de concert ; à séjourner en travaillant avec l’équipage de l’un de ces grands navires fermement ancrés, au cœur de l’une de ces merveilleuses machines, de ces vaisseaux des rêves.
La porte était ouverte. Les gens étaient accueillants, curieux et attentifs… Et ils m’ont proposé de poser mes bagages, mes chansons, les paroles de mes amis Philippe Djian et Martin Suter, mon premier synthé acheté en 1980, une boîte à rythme poussiéreuse, une guitare achetée tout de suite en sortant dans un magasin de musique à deux pas du théâtre…
Oui, ils existent encore, ilsn’ont pas tous disparu comme les magasins de disques. Il y aurait, bien entendu, des histoires à raconter sur ce sujet. Bien des histoires…
Et si tout va bien, comme dans une chorale, la voix individuelle se fondrait dans quelque chose de plus grand, de plus humain. Oui, peut-être que le mot « humain » est plus approprié pour ces moments-là. J’amènerais mes peurs, mon courage, mes inquiétudes et mes joies, à cette adresse exacte : notre univers, notre galaxie, la Voie Lactée, notre système solaire, la planète Terre, l’Europe, le bout du Lac de Neuchâtel, là-bas – le Théâtre…
Et nous voilà, vous, moi et le hasard. Merci pour votre temps et attention.
Cœurdialement
Stephan Eicher
L’écrivain Philippe Djian, dont j’ai tout lu depuis « 50 contre un », Le musicien Stefan Eicher que j’écoute sur disque et en concert depuis …toujours?, le comédien et metteur en scène François Gremaud qdont j’ai découvert l’oeuvre lumineuse grâce au théâtre de Vidy: trois artistes formidables, réunis par ce spectacle qui ne l’est pas moins. Quel cadeau, quelle chance! Merci à eux!

Dommage … je garderai mes parisiens aux dates parisiennes. Zut. !
J’aimeAimé par 1 personne
D’autres lieux, d’autres dates… peut-être. Ce spectacle-là rassemble trois artistes que j’aime tant, pour leur art, mais aussi leurs belles âmes: Eicher musique, Djian textes, Gremaud scéno et mise en scène, le Graal! Biz
J’aimeAimé par 1 personne