« Magec/The Desert » Radouan Mriziga

Vu le 11 juillet 2025, cloître des Célestins, Avignon

© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Je me réjouis déjà de revoir ce spectacle au théâtre de Vidy en octobre! Pour autant je suis heureuse de l’avoir apprécié dans ce lieu, fondé au XVe siècle, cerclé de voûtes de pierres centenaires. Un disque d’or surplombe la scène figurant le soleil. Il devient écran lorsque des images y sont projetées, dont celle d’un essai nucléaire français dans les années 60, mais aussi des déambulations de mystérieux personnages. La mémoire du désert? Seule femme à participer au spectacle, la musicienne Denaa Abdelwahed (DJ, compositrice tunisienne engagée) trône au centre du chemin de ronde, au-dessus de la scène, le visage masqué d’un triangle. Elle y accompagne les danses de sons techno mêlés de percussions traditionnelles et de langages incompréhensibles. Magie des métissages musicaux.

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« La montagne, le désert et la mer possèdent des éléments culturels spécifiques qui sont similaires à différents endroits d’Afrique du Nord, d’Asie ou d’Europe. Les gens du désert, de la montagne ou de la mer, ont une qualité qui est liée à la terre qu’ils habitent, à la nature qui les entoure. Je suis Amazigh et je vois les choses de ce point de vue et de celui de mes ancêtres, mais en même temps, je relie mes œuvres à différents lieux et à différents savoirs indigènes. » Radouan Mriziga

Magec dans la mythologie amazigh (ou berbère), c’est le dieu Soleil, celui de la lumière. Autant dire que les éclairages du spectacle jouent de façon splendide avec la minéralité du lieu, particulièrement lors des déambulations dans les coursives. Radouan Mriziga est un danseur et chorégraphe bruxellois originaire de Marrakech. Les six interprètes sont trois danseurs et trois breakeurs : Robin Haghi, Bilal El Had, Hichem Chebli, Feteh Khiari, Sofiane El Boukhari et Nathan Félix. Après s’être laissés apercevoir dans l’ombre, ils arrivent masqués, tels des animaux anthropomorphes ou des esprits mythologiques. A leurs costumes s’ajoutent des touches animales évoquant ici des écailles, là une fourrure. En solo, duos ou en groupe, ils sont un plaisir des yeux (comme entendu au souk). Du break dance mâtiné de postures contemporaines, et aussi de danses traditionnelles issues du folklore marocain, lorsque les hommes dansent alignés ensemble. Sublime et poétique, cette création est également enthousiasmante par son dynamisme, une énergie et une joie de danser qui transporte!

Le drapeau amazigh

Le drapeau Amazigh a été conçu par l’Académie berbère dans les années 1970 puis adopté par le Congrès mondial amazigh en 1998. La lettre Z de l’alphabet tifinagh symbolise le sang commun des Amazigh. Bleu pour la mer, vert pour les montagnes, jaune pour le Sahara. Le chorégraphe Radouan Mriziga s’est formé en divers pays du Maghreb avant de rejoindre P.A.R.T.S., l’école d’Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles. Il se consacre à un cycle inspiré par la nature, une trilogie dédiée au désert, à la montagne et à la mer.

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