Du 21.09.2024 au 5.01.2025
Hé oui c’est du passé… Un petit résumé tout de même assorti d’un partage de photos.
Sur les neuf lieux investis par la biennale, nous en avons visités trois : les Grandes Locos, la Cité Internationale de la Gastronomie et le macLYON (les deux premiers étant de nouveaux sites). Cette biennale s’intitule « Les voix des fleuves Crossing the water« . Ce sont les visions et les interprétations des relations entre êtres et environnement qui sont proposées en thématique.
Anciennes usines créées en 1846, cet immense complexe consacré aux chemins de fer est désaffecté en 2019. Les artistes y évoquent « le voyage et le déplacement, la réparation et le soin, la force du collectif et de la contestation ». Gardez vos manteaux! Voilà à quoi cela ressemble en entrant:
Une première oeuvre pas vraiment mise en valeur dans ce contexte, cependant ce travail de Myriam Mihindou (1964) est une réflexion sur la parole des femmes. Demander, signaler, réclamer, tout cela gentiment, respectueusement, en levant le doigt. Un regard ironique sur le jugement qui entoure le féminisme « radical »? Un historique de ce que les femmes ne cessent de quêter? Un éloge de la communauté?

Une installation qui ne m’a pas attirée, pourtant elle s’avère singulière et originale. Clément Courgeon (1997) crée des personnages et tout un environnement d’accessoires et de sculptures destinés à les accompagner et deviennent ainsi des déclencheurs de performances. Entre fête foraine et cirque, des ateliers sont organisés en collaboration avec le public.

Les panneaux de Juliette Green, qui cherche à relier les humains par des points communs minuscules, touchent autant par leur simplicité que par leur complexité. S’assoir dans un transport public devient un jeu de devinette. Je les ai tous lus.
Chourouk Hriech (1977) invite le public dans un univers paradisiaque entre architecture et nature, végétal et animal, fantastique et réalisme. Toujours en noir/blanc, dessins, sculptures et vidéos se côtoient sur et dans des structures majestueuses. Un plaisir rétinien!
Autre installation, celle de Bastien David (1990). Participative et sonore, cette sculpture orchestrale ne vibre que grâce au public. Elle réfute l’intelligence et l’artificiel et se nomme Sensitive. La rencontre acoustique dans le moment présent est son credo.

Nefeli Papadimouli (1988) expose deux murs de costumes dont une seule face est colorée . Ce sont des créations originales destinées à demeurer vides et donc »en grève » ou à être endossées et ainsi être en mode « en action » grâce à des performeur.euses. La présentation est un peu sauvage, en attente d’agentivité. Nous n’avons pas eu l’occasion de les voir vivre.


Intervention spatiale monumentale, le cylindre de l’artiste Hans Schabus (1970) traverse et donc relie les deux côtés de la Halle 1. Aux dimensions d’un Airbus, Monument for People on the Move (« Monument pour les personnes en mouvement ») est un tunnel en bois posé sur d’innombrables sculptures de tortues (dont le symbole et la longévité et la protection.
Les Marmites enragées de Pilar Albarracin (1968) sifflent leur colère en harmonie. A ton approche, leurs sifflements s’enclenchent et chantent l’Internationale socialiste! Un matériel domestique qui peut facilement être transformé en bombe… Drôle et féministe, ça existe!

Trois grandes et magnifiques toiles représentant de jeunes hommes font face à un assemblage d’objets suspendus. C’est une reproduction du porte-bonheur personnel de l’artiste Edi Dubien (1963) qui revendique une autre forme de virilité.
Pureté et spiritualité pour cette installation de Victoire Inchauspé qui évoque l’abri, le refuge, un havre de paix dont les gardiens sont des tournesols desséchés. Le sol est recouvert d’un sel corrosif et conservateur à la fois. A l’intérieur, une barque de cire et des étoiles éteintes. Mais les tournesols lâcheront leurs graines et les étoiles rallumeront les ténèbres. Une ode à la renaissance.

Dans la Halle 2, Oliver Beer (1985) explore le phénomène acoustique de la résonance, une onde sonore générée par une vibration matérielle ou corporelle qui produit à son tour une oscillation. Sous les trois formes de Resonance paintings (pigments déplacés par ondes sonores), The cave (chanteur.euses dans un site préhistorique) ainsi qu’une installation de huit écrans permettant de s’immerger dans des chants du patrimoine, c’est à une expérience intense et impressionnante que l’artiste nous convie.
Toutes les oeuvres n’y sont pas. Des vidéos dans de petites cabanes, le Mortier Fati, lignes de lumière de Michel de Broin (1970) qui souligne les failles du bâtiment comme une sorte de Kintsugi (réparation des céramiques japonaises à l’or) lumineuse, dont il ressort une étrange écriture. Ou Hélène Delprat (1957) propose son carnet de notes quotidiennes où se croisent la poésie, les chansons populaires et la météo et l’onde de la voix de l’actrice Nicole Stéphane, un hommage. Une installation sonore et visuelle de Gözde Ilkin (1981), archive textile du lieu et j’en passe.
A suivre : macLYON et Cité Internationale de la Gastronomie de Lyon






Une réflexion sur “17e Biennale de Lyon: Les Grandes locos”