Mon Festival d’Avignon 2024 (IN) Part VII: « Qui Som? »

La Cour du Lycée Saint-Joseph, vaste carré à ciel ouvert, dont les gradins conviennent à 750 personnes, accueille la troupe de Baro d’Evel, fabuleux touche-à-tout du spectacle vivant.

Dès notre entrée dans le lieu, les couloirs sont habités. Des personnes souriantes vêtues de costumes stricts et des vases de céramiques blancs disposés sur des socles sont dispersés le long du trajet qui mène aux gradins.

Sur le plateau, une énorme forme noire, bossue, plutôt harmonieuse, recouverte de franges remuées par l’air ambiant. Une respiration, un frémissement. Peu à peu, des vases lumineux sont installés sur les deux bords de la scène.

Dès le début, avec un humour potache, on nous démontre que ce qui est cassé peut être reconstruit, même maladroitement. Qu’il est possible de faire oeuvre même sur un terrain glissant. Que le déséquilibre engendre un nouvel équilibre. Que l’aveuglement se corrige et que le rire, la musique et le chant guérissent. « Il faut se sentir vivant pour exister » dit-elle, car elle est le verbe de cette oeuvre. Un petit chien, une fillette, des créatures aux longues pattes effilées, des masques de glaise, Dieu (« T’étais où toi?« ). Objets, genres, âges, animalité, éléments se mélangent. Et puis la montagne bouge et se transforme, devient liquide, avale et recrache. Une tempête, une marée de plastique qui submerge les vivants. S’en dégagent des êtres blanchis par l’effort, tous pareillement habillés de poussière, qui se rassemblent et font bloc.

© Christophe Raynaud de Lage

ICI, un lien pour un regard sur les toujours superbes images du photographe du festival d’Avignon depuis 18 ans, Christophe Raynaud de Lage (dont fait partie l’image d’en-tête).

La parole, en majeure partie émise par Camille Decourtye, est un élément traversant le  spectacle, même si on n’en saisit qu’une partie, même si elle n’est pas si importante. Entre humour et sérieux, galéjades et vérités, petits riens et grandes formules, elle crée un lien puissant avec le public.

Ce ne sont pourtant pas les messages qui construisent les spectacles de Baro d’Evel, mais leurs langages artistiques qui les créent, partant du corps, modelant une forme à partir d’improvisations. Ils sont les tableaux d’une exposition. Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias en sont l’âme. Iels vous l’expliquent en 30 secondes ICI. Et en entretien, là.

Cirque, arts de la rue, acrobatie, danse, chant, orchestre, art plastique composent ce  spectacle unique, même si sa veine poétique peut en rappeler d’autres (je pense à James Thierrée par exemple). Il n’a pas de fin, il se prolonge en festivité avec le public. Un vrai grand moment de divertissement tout en proposant une large réflexion existentielle, humaniste et écologique.

Avec Lucia Bocanegra, Noëmie Bouissou, Camille Decourtye, Miguel Fiol, Dimitri Jourde, Chen-Wei Lee, Rita Mateu Trias en alternance avec Amir Ziegler, Yolanda Sey, Julian Sicard, Marti Soler, Maria Caroline Vieira, Guillermo Weickert, Blaï Mateu Trias
Conception et mise en scène Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias
Collaboration à la mise en scène Maria Muñoz, Pep Ramis (Mal Pelo)
Collaboration à la dramaturgie Barbara Métais-Chastanier
Collaboration musicale Pierre-François Dufour
Scénographie et costumes Lluc Castells
Lumière María de la Cámara, Gabriel Pari
Son Fanny Thollot
Recherche des matières et des couleurs Benoît Bonnemaison-Fitte  « Bonnefrite »
Céramiste Sébastien De Groot
Régie générale Samuel Bodin, Romuald Simonneau
Régie plateau Mathieu Miorin
Régie plateau céramiste Benjamin Porcedda
Régie son Chloé Levoy
Régie lumière Enzo Giordana
Habillage Alba Viader
Cuisinier Ricardo Gaiser
Direction déléguée et diffusion Laurent Ballay
Production Pierre Compayré
Administration Élie Astier,Caroline Mazeaud

 

 

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