
Arsenic, Lausanne, du 20 au 23 mars 2025, puis du 14 au 30 avril, Hamlet, Zurich.
D’abord une installation, puis une performance. Centrale, une baignoire, l’endroit où l’on se lave, où l’on nettoie impuretés et souillures. Elle est entourée de bougies enflammées, jusque sur ses bords.

La salle où a lieu la performance est plongée dans la pénombre. Aux sons emphatiques de l’orgue (Toccatas et Fugues de Bach), le public entre dans la pénombre de la salle. L’artiste est assise dans la baignoire, les yeux clos. En sereine méditation. Ouvrant les yeux, elle ôte calmement deux des colliers de diamants qui ornent son cou et les laisse tomber dans l’eau de son bain. Des gestes délicats de ses mains montrent leurs deux faces, blanches et noires. Extrayant de l’eau un miroir à main, elle s’y mire du côté noir puis le tourne vers le public, lui permettant de voir sa propre image.

La musique cesse. L’artiste, impressionnante de beauté, sort du bain et se revêt d’un short et débardeur noirs. Lentement, elle avance vers ce demi corps, lui faisant face en position assise, puis s’y prosterne avant de dévorer et de partager un substitut de masculinité enfoui dans l’intimité de cette sorte d’idole misérable. Avec Vivaldi, sa liberté retrouvée, elle peut alors s’ébattre en bacchante.
En ai-je trop dévoilé? Les antichambres versaillaises étaient de rutilants bijoux destinés à impressionner les visiteureuses. Le décorum de purification transcendé, l’image du pouvoir oblitérée, toute latitude est offerte à la liberté. Tout d’abord d’une beauté solennelle, la performance se termine donc dans une bacchanale, traduisant un épanouissement exalté.
Danseuse, performeuse, mannequin, Élie Autin se définit comme « noire, non-binaire, queer et androgyne ». Et si vous creusez un peu, elle rajoutera « chimère ». Ecouter le podcast.
