« Hominal/Xaba » Marie-Caroline Hominal / Nelisiwe Xaba

Photo Xolani Tulumani

Théâtre de Vidy, du 11 au 13 mars 2025

C’est à une oeuvre visuelle et plastique que nous convient les deux danseuses. Cette collaboration s’appuie sur l’interrogation que poursuit Caroline Hominal sur la notion d’auteurice en danse. Après avoir livré ses compétences à un autre chorégraphe (Hominal/Öhrn), ce second volet explore la création d’une pièce à deux. La troisième partie, Hominal/Hominal, sera présentée à la Comédie de Genève du 3 au 5 avril.

Le plateau du Pavillon de Vidy est entouré de somptueux tissu wax, produit issu de la colonisation hollandaise devenu emblème d’une identité africaine. Certains pans enroulés seront dévoilés en cours de spectacle. Des entrelacs de fils multicolores emplissent le sol d’une toile serrée que les danseuses continuent de tisser. Se glissant ensuite sous le réseau ainsi formé, elles instaurent de nouvelles configurations évoquant des dessins en 3D comme issus du web, des sculptures emprisonnées ou des paysages mouvants. Les fils de la toile, peu à peu découpés aux ciseaux, se superposent et s’emmêlent sur les corps des danseuses comme une troisième peau effilochée.

Photo Isabelle Meister

S’évadant de ce nattage, elles en conservent les traces et se trouvent revêtues de ce nouveau costume. Déroulant d’autres tissus accrochés au-dessus de la scène, les deux partenaires musardent dans ce labyrinthe bigarré jusqu’à ce que l’une enclenche une vidéo sur un ordinateur, vidéo qui nous demeure invisible. Les deux alors se mettent à imiter la chorégraphie en cours de visionnage avec plus ou moins d’exactitude, comme en improvisant. Une imprécision qui aboutit à l’invention d’une nouvelle chorégraphie. Qui donc en est l’auteurice?

Leurs danses très sportives et dynamiques accomplies, s’engage un dialogue d’artistes, où l’une ne se satisfait pas tout à fait de la performance, tandis que l’autre la trouve fantastique. Teintés d’humour et d’autodérision, quelques mots qui donnent sens à la pièce sont prononcés. Entre le délire de Dyonisos et l’harmonie d’Apollon, une piste de réflexion succède à l’action des corps dansants.

Au-delà d’une esthétique remarquable articulée de compositions chamarrées, cette création couplée trouve autant de sens et de cohérence dans son décor que dans l’interprétation des artistes.

Photo Val Adamson

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