« Fun Times » Ruth Childs

Arsenic- Centre d’art scénique contemporain, Lausanne, du 30 octobre au 3 novembre 2024 et ADC Genève en 2025.

Avec Bryan Campbell, Ruth Childs, Karine Dahouindji, Cosima Grand, Ha Kyoon Larcher

Rouge. C’est la couleur qui imprègne le spectacle de Ruth Childs. Une teinte qui réchauffe et transmet aussi bien chaleur qu’émotions.

Sur des portants, deux rideaux rouges en fond de salle évoquent la scène de théâtre, la comédie, jamais très loin de la tragédie.

Débutant la pièce avec un tempo métronomique, la bande-son de Stéphane Vecchione est fascinante. Dans cette espèce de pelote sonore sont mêlées des bribes de morceaux de musique pop ou classiques connus, à des sonorités électroniques, des rythmes et des tempos cliquetants. Drôles ou impressionnantes, leurs intonations guident les actions très précises qui se déroulent sur scène.

Nos mémoires musicales se réjouissent d’y entendre autant de réminiscences pop que de classiques éternels.

Photo ©Marie Magnin

Les personnages apparaissent les uns après les autres. Toustes habillé.e.s de rouge en différentes textures. Il y a la jeune fille primesautière embrassant la salle de ses bras grands ouverts. La figure qui se voudrait solennelle, bras levé tel un sceptre, mais qui, découragée, s’en va tête basse. Le roitelet, en culotte bouffante, un baratineur, sûrement. L’intemporelle aussi contemporaine qu’archétypale. L’émotif se précipitant pour s’immobiliser. Des rôles qu’iels endossent tour à tour, puisque la joie, le plaisir, l’amusement se partagent.

Le corps et la voix sont d’égale importance, les déplacements spatiaux font écho aux vocalises. De la voyelle gazouillée, au chantonnement, jusqu’à la chorale; du petit rire discret au puissant éclat de rire, les voix peu à peu s’installent dans de généreuses polyphonies. A l’image des corps dansants, se groupant et se dissociant. C’est l’autorité sonore du Commandeur qui sème le trouble et impose l’immobilité. Pour un instant seulement.

Photo ©Marie Magnin

Le plaisir du jeu, la voix collective, l’empathie, la contagion du rire, la fête, autant de situations dansées et chantées valorisant la communion du groupe tout en sauvegardant les individualités. Postures, déplacements, expressions des visages, gestes, et évidemment ce superbe travail sur la voix, participent de l’humanité qui ressort de leurs actions. Même le contraste l’accentue, lors de ce moment de détresse de l’un des personnages, réconforté par les autres.

Un moment esthétique remarquable de danse, de musicalité et de plaisir!

Télévision Suisse Romande: Julie Evard reçoit la danseuse et chorégraphe Ruth Childs ICI.

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