Spiegelneuronen (Neurones miroirs) Sasha Waltz / Stefan Kaegi

Pièce documentaire dansante

Théâtre de Vidy du 27 au 30 novembre 2025

Comment participer à un spectacle en tant que spectateurixce sans se sentir gêné ou scruté? Ressentir la joie, plus que ça, le bien-être, d’être un.e parmi une foule (outre durant les matchs de foot ou les manif’). Choisir et accepter de devenir une pièce de cette unicité multiple. Oublier son ego pour faire partie d’un tout ludique. Non pas obéir mais s’assimiler. Non pas seulement imiter mais créer du geste. Faire corps avec d’autres.

Les chercheurs en neurosciences ont démontré que les neurones miroirs, durant l’observation du comportement d’autrui, activent les mêmes zones cérébrales que celles utilisées pour accomplir ce comportement soi-même. Certaines postures ou mouvements deviennent comme contagieux.

©Bernd Uhlig

A l’endroit de la scène se situe un miroir monumental. Le rideau s’ouvre sur le public installé sur les sièges. C’est là qu’aura lieu l’action. Pour commencer, face à ce miroir monumental, on teste, on se cherche parmi le public. Puis des gestes surgissent, une danse spontanée de bras et de mains, de balancements, créant des frémissements dans le reflet qui se muent rapidement en houle changeante. Les visages commencent à sourire. Des danseureuses de Sasha Waltz proposent des gestes que chaque spectateurxice a l’occasion de suivre ou d’en initier d’autres, qu’ils soient suivis ou pas n’a aucune importance. Pourtant, on se retrouve à souhaiter une harmonie. Assistant au tableau formé par l’assemblée, ce reflet du groupe auquel nous appartenons en ce moment même, une forme d’empathie corporelle s’empare de nous. Nous nous ressentons non plus seulement comme individu, mais comme partie d’un tout. On se sent éloigné du voisin dans le miroir, mais quand même physiquement proche. Notre comportement gestuel, quel qu’il soit, est validé, soit noyé dans la masse, soit adopté par d’autres.

La recherche documentaire de cette soirée intègre des perspectives issues de la recherche sur le cerveau, de la biologie, de la sociologie et de l’intelligence artificielle, que le public entend d’une part et vit d’autre part dans un collage sonore – peut-être même en anticipant ou en se dérobant.

Il y aura des surprises qu’il ne faut pas dévoiler. Des paroles de scientifiques, de sociologues, de biologistes sont autant de commentaires qui passent, des informations, des observations: et si on vous posait une main sut l’épaule, que diriez-vous? Vous n’aurez jamais le contrôle, ni sur vous-même, ni sur les autres, renoncer au contrôle, à l’idée même du contrôle.

©Bernd Uhlig

Cette expérience est incroyablement régénérante. C’est un vrai plaisir d’y participer, de se sentir intégrée à un ensemble et ceci sans réflexion, sans gêne. De céder à cette impulsion uniquement corporelle. Une représentation qui vous charge en énergie vibrante et en sensorialité. Ah, et tout cela se termine en apothéose, je n’en dirai pas plus!!

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