Vu le 14 juillet 2025, Gymnase du Lycée Aubanel, Festival d’Avignon IN
Oh les belles images! Oui, ce spectacle est avant tout visuel, il me semble qu’un travail photographique suffirait à son succès. Celui du grand photographe de théâtre Christophe Raynaud de Lage (à voir ICI) le montre avec talent. Quelques scènes peuvent évoquer le travail de Bill Viola ou l’esthétique de Romeo Castellucci (l’esthétique seulement!). La lumière en elle-même de Stephanos Droussiotis est une oeuvre d’art. La scénographie, sol terreux, cabane renversée, est superbe. Les voiles, l’obscurité, l’eau, la nudité des corps participent de la grande poésie qui émerge de cette pièce de pure beauté. Alors pourquoi ne m’a-t-elle pas complétement plu?
Le récit est explicite même sans texte. Il est totalement illustratif, au premier degré, le sous-texte est évident. Personnellement, j’aime creuser dans la profondeur d’une histoire, son double-sens, ses nuances. C’est cela qui me donne l’impression de participer au récit. Ce qui est obscur dans la narration permet au public de s’impliquer dans le propos des créateur.ices. L’artiste albanais Mario Banushi est très jeune, 26 ans, et visiblement doué. Il rend hommage aux femmes qui ont entouré son enfance. Mais la dramaturgie qui y fait référence m’a semblé remplie de clichés sur la vie et la maternité. De beaux clichés, bien sûr: le fils qui s’occupe de sa vieille mère, l’accouchement seule dans la douleur, la femme trompée plongeant sa tête dans l’eau, le vélo (la poésie n’y est plus), le tableau, descendu des cintres, d’une mère allaitant son enfant qu’il découpe pour les séparer, les robes blanches figurant la pureté,
Ce sont ce que l’on pourrait appeler des images d’épinal, des images simplistes d’une réalité. J’y ai vu des mères courage et des femmes bafouées, des hommes épris et des hommes combattants, des fils aimants et des hommes faibles…
Il y a de belles idées, mais pas neuves : le vol de papillons simulant l’esprit de la mère morte, l’homme qui marche à quatre pattes à l’envers, la personne de petite taille, figure d’ange inhabituelle, l’accouchement de deux hommes au travers d’un vagin matelas, le fils lavant et langeant sa vieille mère… Oui, ici se déroule toute une vie, une vie faite de peintures anciennes, d’allégories pieuses, de dépositions et de piétà, dans l’esprit du Caravage, des tableaux que l’on aime voir et revoir, mais qui dépeignent une image de l’humanité d’un autre âge.
Malgré la bande son mystérieuse et les chorales, une musique de fanfare plombante termine la représentation avec fracas et gâche beaucoup de l’atmosphère poétique créée précédemment. De même, à la fin, le fils réalise enfin la mort de sa mère et empile les objets sur son corps pour bien montrer qu’il lui doit tout.
Ce spectacle n’est vraiment pas sans intérêt, il ne m’a malheureusement pas nourri. Je le recommande toutefois pour la beauté de son imagerie. Je n’ai lu que des critiques extatiques, qui parlent de totale splendeur et, sur le visuel, je ne leur donne pas tort.

Creation et mise en scene Mario Banushi
Avec Vasiliki Driva, Dimitris Lagos, Eftychia Stefanou, Angeliki Stellatou, Fotis Stratigos, Panagiota Υiagli
Scenographie et costumes Sotiris Melanos
Musique et son Jeph Vanger
Lumiere et dramaturge associe/partenaire dramaturgique Stephanos Droussiotis
Collaborateurs artistiques Aimilios Arapoglou, Thanasis Deligiannis
Assistante mise en scene Theodora Patiti
Regie lumiere Marietta Pavlaki
Regie son Kostas Chaidos
Assistanat plateau Sofia Theodorou



parfois les images seules ne nourrissent pas bien, en effet.
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Là, c’est surtout qu’elles ne voulaient rien dire d’autre que ce qu’elles décrivaient.
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