Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Lausanne, du 14 au 18 mai 2025

« Je ne suis pas trans dans la forêt. Je n’ai rien à prouver aux politiques sylvestres. (…) »
Pirater les ondes FM pour se faire entendre! Une idée qui pourrait faire son chemin, en particulier chez celleux qui possèdent encore un vieux poste de radio. Axel et Chloé commence par nous raconter leurs débuts, lesquels se passent au club d’échec local, très local au vu de l’accent vaudois appuyé de l’un des partenaires de Chloé. Exclure les femmes trans des compétitions, voilà le prochain objectif du président de la Fédération d’échecs. Il va falloir élaborer une stratégie pour pallier à ce décret transphobe.

Des idées de stratégies, où règnent les champignons, les deux comparses n’en manquent pas. Plus farfelues et poétiques les unes que les autres. Celle de la radio libre obtiendra leur suffrage pour diffuser sans risque de censure: Fréquence Mycose et son jingle inoubliable! Chanson pop engagée, Tuto Demerdo pour produire soi-même ses oestrogènes, épisode Confessions intimes portant sur le goût des pensées, conseils avisés de tante Ellie, mixage de musique transe… Au final, « la binarité du monde est une arnaque« . La figure mythique de la Chevalière (oui, les chevalières ont vraiment existé) entre alors en scène avec une chanson douce et l’image du mycélium, ce réseau de filaments doté de plusieurs sexes.

Jeux de lumière, écrans multiples, déguisements, mobilier sculpté en sagex, ombres chinoises. Beaucoup d’idées dans ce spectacle et un soin particulier pour l’esthétique. Les protagonistes s’expriment au naturel même si l’on sent une préparation minutieuse de leurs interventions. Iels sont authentiques et drôles, presque enfantins dans leur naïveté imaginative, malgré des connaissances scientifiques judicieuses. L’éclairage est subtil, la scénographie variée et singulière. Il y a toujours quelque chose qui se passe, des épisodes, des fragments, tout une mosaïque de fantaisies et on ne s’ennuie jamais. Un spectacle touchant, militant doucement pour la reconnaissance de la transidentité au travers de l’allégorie du mycélium.
