Théâtre de Vidy du 12 au 14 décembre 2024
Créé en collaboration et avec Alina Arshi (Lapis Lazuli), Jonathan Drillet (Pomerance), Mai Ishiwata (Oumuamua), Christophe Ives (Geiger José),
Dalila Khatir (Church), Aurélien Labenne (Ponzi), Mark Lorimer (Crow Dog), Guillaume Marie (Sununu), Marlène Saldana (Neuneuille), Stephen Thompson (Javelle), Charles Tuyizere (Le Rousseau)
*Les chats, traduction littérale de Cats, est suivi d’un sous-titre, Ceux qui frappent et ceux qui sont frappés, utsu mono to utaruru mono en japonais, qui est le titre d’un numéro de Kengeki, un combat de sabres, un sous-genre du kabuki du début du XXe siècle.

Vous qui aimez les chats, ou encore si vous qui aimez regarder des vidéos de chats sur votre réseau social préféré, vous qui avez (évidemment) un avis sur le réchauffement climatique, même si vous regardez moins les vidéos qui s’y réfèrent, vous qui aimez les comédies musicales, Cats en particulier (1981), ce spectacle singulier est pour vous!
Ici, les dix chats de la comédie musicale d’origine se pavanent, se lèchent, s’étirent, se font les griffes et miaulent à qui miaou miaou. Leurs attitudes, leurs démarches, leurs comportements sont indubitablement calqués sur ceux de nos félins domestiques.
Une moderne moquette multicolore, formant une pente sur le fond de scène, est leur lieu de vie: une très belle scénographie de Théo Mercier. Chaque chat.te possède son propre tempérament et développera son questionnement, raisonnement et opinion personnelle tout au long de la pièce. En effet chacun.e aura l’occasion de s’exprimer par un monologue, tandis que les autres écouteront, danseront, chanteront ou se prélasseront.

Questions politiques, historiques, économiques, écologiques: extinctions des espèces animales, suprématie, Giec, climatoscepticisme, surconsommation, une pointe de féminisme, Intelligence artificielle, capitalisme industriel, etc. Même Paul Watson est cité, bravo les chats! Iels ont des idées et les énoncent. Des sujets foisonnants qu’iels chantent ou dansent, tandis que le texte s’affiche à l’écran. Certaines paroles sont rendues plus intelligibles lorsqu’on regarde jouer des chats. Peut-être est-ce une solution pour attirer l’attention publique sur les sujets cruciaux de notre époque.
La maman des chatons est crainte et espérée à la fois. Son homologue humaine, dont le prénom commence par M, défend ce même genre d’idées nationalistes sur les frontières à fermer et l’hyper-sécurisation. Les chats bien nourris sont à l’abri, qui songerait à se rebeller? Le but est de conserver ses privilèges, n’est-ce pas? Les miaulements qui émergent, furieux ou nonchalants, ressemblent à nos indignations comme à nos atermoiements.

Les interprètes sont excellents dans leurs rôles de félidés. Même si les parties chantées paraissent inégales, certaines sont magnifiques (dont celles des chattes, en particulier Dalila Khatir). De belles chorégraphies, une musique originale et des costumes séduisants rendent cette comédie aussi farfelue qu’intéressante. Entre coups de griffes et pattes de velours, la pièce souffre un peu d’avoir trop à dire même si les propos sont pertinents. Une légère surcharge finit par se faire sentir vers la fin lorsque qu’une sorte de messe est dite. C’est mon ressenti, mais le spectacle, véritable show de cabaret, en vaut la peine.

