« Le Lasagne della Nonna » Massimo Furlan & Claire de Ribaupierre

Au Théâtre de Vidy, Lausanne, du 19 au 29 septembre 2024

Avec Davide Brancato, Giuseppina Carlucci, Rita Cheli in Sperti, Lucia de Giovanni, Anna Guarino Iermier, Ali Lamaadli.

Paillettes et robes longues scintillantes, c’est en majesté que sont présentées les queens de la pièce, le nonne (grands-mères en italien). Davide, le petit-fils, drag à ses heures, conduit le défilé. Aux pieds de sa nonna Giuseppina, iels se confient, parlent de leurs vécus.

Car ces faits réels nous sont contés par les véritables protagonistes, arrivées en Suisse avant l’âge vingt ans, dans les années soixante, ces femmes immigrées italiennes ont suivi leurs maris et ont accompli leur vie jusqu’à se sentir, malgré l’adversité, dans certains cas aussi jurassiennes qu’italiennes! Giuseppina, Anna, Lucia et Rita, émouvantes et vraies, entre joies et luttes, racontent et c’est magnifique.

Photos Pierre Nydegger

Une cuisine, très simplement représentée par un bar garni de plats en inox, évoque ces instants partagés par les femmes qui préparent la pâte à lasagne, chantent et se livrent.

C’est là que l’on entend le parcours de chacune, là que les récits se déplient comme la pâte qu’elles étalent. A l’image de ces lasagnes construites en couches alternées, elles racontent leurs vies, sans pathos, avec dignité et simplicité. L’adaptation, la langue, les enfants, le mari, le travail, la communauté, la cuisine et… le plaisir de la danse.

L’ovni monumental et multi-couches qui débarque alors planera telle une icône au-dessus des comédien.ne.s, évoquant les mille et unes pages de leurs destins.

Ali, lui aussi, aime danser. Il vient du Maroc où l’on accueille les nouveaux venus avec des dattes et du lait… ici en Suisse, c’est autre chose. Il faut prendre soin du jardin où l’on vit, dit-il, tout en dansant la valse avec chacun.e.

Photos Pierre Nydegger

Avec beaucoup de tact, la violence de certaines étapes de vie est évoquée par un jeu de ballon collectif où les personnages s’appliquent ensemble à rendre le lourd plus léger.

La mise en scène, très sobre, laisse place aux êtres, tout en ne manquant pas de surprendre à certains moments. Un éclairage tamisé crée l’atmosphère intime propre aux confidences. Le son et les musiques appuient le propos en douceur. Une esthétique tout en finesse qui voit son apothéose en fin de pièce.

Il faut dire un mot de Davide Brancato qui, mine de rien, mène le bal avec brio et crée un lien puissant entre son parcours et celui des nonne. Leurs itinéraires parsemés d’épreuves, empreints de solitude, sillonnés de choix difficiles ou d’obligations inévitables, figurent ceux des minorités, de celles qui ont réussi à se relever avec force et courage.

Photo Pierre Nydegger

 

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