Le « Requiem » inachevé de Mozart est une méditation scénique visuellement puissante et émouvante sur la disparition et l’éphémère. Complétée par des œuvres sacrées moins connues de Mozart, la messe de Requiem dans la production de Romeo Castellucci se transforme en une célébration de la vie. Dans des chorégraphies rituelles, la chorale et un groupe de danseurs fusionnent pour former le centre énergétique de la soirée. Ivor Bolton, chef d’orchestre de l’Orchestre symphonique de Bâle, sera sur le podium. (Présentation du Theater Basel)
Ce Requiem est une oeuvre de la dernière année de la vie de Mozart, une commande restée inachevée, complétée par des élèves du musicien. Romeo Castellucci revisite visuellement le thème avec une scénographie et une mise en scène de toute beauté. Tout en suggestions, comme à son habitude, il laisse au public le soin d’y trouver son propre sens, lui propose des images puissantes et superbes, en souhaitant qu’il se laisse porter par l’oeuvre.
Les mots qui défilent en fond de scène évoquent un « Atlas de la grande extinction », non seulement animale et végétale, mais aussi celle des villes, des architectures, des oeuvres artistique, des religions, des sentiments, etc. Débutant par les noms des dinosaures, il se clôt avec les disparitions de la lumière, du temps, de l’esthétique, de l’histoire…
Il y a dans cette pièce, la certitude inéluctable de la fin tout autant que l’espoir de la vie. « L’espérance est la dernière chose qui meurt en l’Homme » a dit un philosophe. La mort est contrebalancée par des rituels de vie, dansés ou joués. La Femme y joue un rôle d’importance. Âgée au tout début de la pièce, elle disparait, engloutie dans son lit. Elle réapparait en jeune fille, puis c’est une fillette ointe de couleurs, comme crucifiée et puis glorifiée. La figure de la mère et de son nouveau-né viennent à la fin. La pièce représente tous les âges de la vie humaine.
L’importance de l’acoustique a demandé un dispositif spécial puisque le choeur est dissocié de l’orchestre qui joue dans la fosse. Il est soutenu par des danseur.euse.s. Les chanteu.r.se.s sont quasiment toujours en mouvement, complétement investi dans la chorégraphie de la pièce.
Ce requiem composé en 1791, trouve avec la mise en scène contemporaine subtile et poétique de Romeo Castellucci, une actualité intemporelle. Même l’intrusion d’une voiture accidentée sur scène offre des instants éblouissants. Tour à tour se plaçant devant le véhicule, défilent des humains saisis dans l’instant de leur mort avec une grâce bouleversante.
Place à la nature et à la vie! semble nous insuffler Castellucci. Les images de ce requiem sont une célébration. Par ces démonstrations de rituels, de danses à l’aspect folklorique, le regroupement et le partage participent d’une forme de rédemption. Le repos (la signification du mot requiem) n’est pas triste ou morbide, il est le déroulement du mystère de la vie. (extrait Arte)
Le final est absolument renversant. Une oeuvre picturale se déploie, évoquant celles d’Anselm Kiefer. Le jeune soprano, Eugen Vonder Mühll, chante a capella, puis d’un geste, demande le silence dans la salle, où le bébé seul, calme et serein, est posé dans un couffin au centre de la scène. Inoubliable!

