Au Théâtre de Vidy, Lausanne, du 21 au 24 mars 2024

Made in Taiwan, tout le monde connaît ce sigle. Que savons-nous de plus sur cet Etat? Pas grand chose… et surtout, il ne faut pas confondre la République de Chine (Taiwan) avec la République Populaire de Chine!

Douze Etats seulement ont des relations diplomatiques avec la République de Chine (Taiwan). En effet personne ne peut se permettre, semble-t-il, de contrarier la Chine, deuxième puissance économique mondiale. Le public du théâtre vote donc pour en faire une ambassade éphémère le temps de la représentation.

Voilà ce que le théâtre extrêmement documenté de Stefan Kaegi nous propose ici avec la mise en scène de cette nation mal connue et mal reconnue puisqu’elle n’existe pas officiellement. Durant la représentation, trois personnages font le récit de leur point de vue de ce qu’est la situation géopolitique, industrielle, sociale, etc. de leur pays.

Iels sont une activiste digitale, un ancien diplomate et une musicienne vibraphoniste issue d’une famille commerçante. Iels  font le récit de leur parcours et de la vision qu’ils ont de leur pays. Trois personnes taiwanaises qui ne sont d’ailleurs pas toujours du même avis, brandissant à tour de rôle selon les propos des autres,  l’étendard « I desagree » ou encore « No comment ». Pour ou contre la réunification? Pas si simple.

La scénographie est composée de longues bandes de tissus pouvant faire office d’écrans pour des projections. A jardin, l’instrument de musique est joué en direct, tandis qu’à cour, une table permet de disposer des mises en scène de maquettes rediffusées sur un écran.

Langues, passeports, hymne national, Tchang Kaï-chek, commerce de textiles, tremblements de terre, tai chi, drapeaux, libertés, etc. autant d’éléments spécifiques à ce pays dont les habitants sont tiraillés entre leurs origines chinoises et le souci d’affirmer une identité singulière face à une Chine dont le système politique n’est pas leur tasse de bubble tea…

Un portrait imparable de la spécificité de Taiwan et aussi, comme pour chaque spectacle de Rimini Protokoll, une source d’art et d’investigation exceptionnelle. (Trois autres spectacles de la compagnie, dont « Société en chantier » ICI)