Mon festival d’Avignon 2023 (off)

Quinze spectacles au festival off. Comme toujours une loterie, allant du jubilatoire à l’ennui. Dans l’ordre des représentations. Les photos sont prises sur le vif durant les saluts, donc pas excellentes…

TOUS LES POETES HABITENT VALPARAISO de Dorian Rossel: L’histoire vraie d’un poète dont le but est de disparaître derrière sa littérature. Un jeu de contingences, une enquête passionnante, et une mise en scène aussi simple que judicieuse. Les trois comédien.nes tournent autour de l’identité du poète Juan Luìs Martinez, découvrant une  ronde vertigineuse qui passe par le Canada, le Chili et la Suisse. Passionnant!

L’HOMME ET LE PECHEUR de Cie Teatro Picaro: une fable/farce sur la précarité de l’existence humaine. L’auguste et le clown blanc sans maquillage au bord de la mare des illusions. Un spectacle réjouissant, philosophique et fort bien mené. L’un des trois auteurs étant Jean-Marc Catella… (de Dau et Catella)

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON de Bernard Marie Koltès, mise en scène Laurent Rochut: l’histoire d’un « deal », d’un désir, du business saupoudré de concupiscence. Un texte surprenant bien amené par les deux personnages. Dépendance, affrontement, hostilité. Elle, fière et astucieuse, lui méfiant et intransigeant. Une pièce à lire et à interroger.

LES FEMMES DE LA MAISON de Pauline Sales: une résidence d’artistes femmes, une maison prêtée par un homme, l’évolution des féminismes depuis les années cinquante jusqu’à nos jours. autant dire qu’il y a beaucoup à explorer. Une fiction est proposée pour chaque personnage incarnant son époque et il y a quatorze histoires de femmes qui participent au récit. J’ai aimé ce panégyrique de l’ascension des femmes dans le cours du temps, même s’il est très touffu et un peu foutraque. J’ai aimé qu’elles soient différentes, particulières, et non forcément significatives de leur temps. Trois femmes et un homme qui m’ont embarqué durant presque deux heures.

KIT DE SURVIE EN TERRITOIRE MASCULINISTE de Collectif Pintozor Prod et Marion Thomas: Déambulation guidée dans certaines rues de la ville, casque audio sur les oreilles. La voix féminine nous parle d’un « incel » (involuntary celibate). Celui-ci s’est construit au travers de ce groupe qui se veut propager la haine des femmes. Celle-ci, adolescente solitaire, se reconnait dans certaines situations vécues par lui. Elle oscille entre fascination et dégoût. Jusqu’au final dramatique. Une rencontre en fin de parcours permet de partager nos impressions. Instructif et effrayant, une proposition de la Sélection suisse en Avignon.

OZ de Robert Sandoz, théâtre Am Stram Gram (Genève): spectacle tout public, adolescents compris. Qui ne flanche pas pour cette histoire au-dessus de l’arc-en-ciel? Cinq interprètes pour cette superbe adaptation contemporaine du magicien d’Oz. De très belles trouvailles scénographiques associées à d’excellentes interprétations chorégraphiques.

L’AGE DE NOS PERES de Julie Ménard, Collectif Lacavale: Quelle est l’origine de la violence masculine? Un spectacle documentaire et subjectif qui rejoue sa propre création scénique, partage ses recherches et ses découvertes, mêle l’intime et le sociétal. Des faits basés sur le réel, des récits poignants, une authenticité indubitable. Ah ce patriarcat, quel désastre!

LA FOLIE ISABELLE de Dinamo Théâtre (les élèves de l’ESIAD Versailles): Un festival d’Avignon sans Commedia dell’arte? vous plaisantez! Huit comédien.nes nous entraînent à leur suite dans des pérégrinations improbables et loufoques en plein cagnard. Ce collectif ne joue rien moins que trois pièces différentes durant le festival! Chaleureux!

ET SI JE N’AVAIS JAMAIS RENCONTRE JACQUES HIGELIN? de Guillaume Barbot et Zoon Besse: capital sympathie assuré pour ce spectacle évoquant le grand Jacques. En fait, c’est la biographie de Zoon qui nous est offerte, biographie largement influencée par cette rencontre. Un conteur pas triste!

ULTRAGIRL CONTRE SCHOPENAUER de Cédric Roulliat: Voilà un spectacle qui n’a pas fait l’unanimité de mes neurones. Pourtant bien débuté, avec une thématique intéressante et de bon.nes comédien.nes, le développement m’a paru inabouti et, tel son décor ultra pop, manquant de nuances. Pourtant le dilemme propre à la féminine attitude est bien trouvé!

DENALI de Nicolas Le Bricquir: Tous les ingrédients d’une série télévisuelle au théâtre. Malgré d’astucieux procédés, ce thriller ne m’a pas scotché à mon siège, même si j’ai suivi l’intrigue avec curiosité. Les grosses ficelles des séries, au théâtre m’horripilent. Cependant cette pièce bien ficelée est certaine d’obtenir un bon succès public.

MON VOISIN LENNON de David Foenkinos: John Lennon en thérapie chez une psy doublée d’une fan. Je suis moi aussi une inconditionnelle de Lennon: trois notes d’Imagine et j’ai les larmes. Cette pièce a des défauts, mais j’ai passé au-dessus allégrement. Mais pourquoi la trompette?

17-THRILLER THEATRAL de Corentin Praud: toute la pièce se passe au téléphone. Le comédien Philippe Talaud incarne le policier qui répond aux appels d’urgence. La pièce débute doucement avec humour et légèreté avant qu’un coup de théâtre ne fasse basculer le récit dans l’horreur. C’est vraiment bien monté avec dix-huit voix d’acteur.ices au bout du fil. Le spectacle le plus angoissant de ce festival.

L’ILLIADE de Cie Thespis: ça c’est ma pépite! De jeunes comédien.nes transposent ce récit mythologique dans les vestiaires d’une salle de football américain. C’est construit dans l’humour et ça reste pertinent. La guerre de Troie manipulée par les dieux de l’Olympe nous rappelle étrangement (ou pas) certains dessous contemporains politiquement incorrects. Des moments hilarants, comme ces deux commentateurs radiophoniques coincés dans leur cabine ou Zeus pris la main de géniteur dans le sac par une Héra gravement outragée. Mais aussi les drames des hommes et des femmes impliqués dans cette longue et terrible guerre. Formidable!

LE SONGE D’UNE NUIT D’ETE de W.Shakespeare, adaptation de Michel d’Hoop: Huit acteur.ices et quinze marionnettes. Déçue par Le Songe du in pour cause de manque de féérie, me voilà insatisfaite de celui-ci pour cause d’incandescence…C’est pourtant un spectacle mené par les mains expertes des corps marionnettiques qui nous en mettent plein la vue. Tellement que la poésie enchanteresse du conte y disparait pour ne laisser place qu’à un show à l’américaine, plaisant, il va sans dire, mais pas shakespearien du tout. encore un spectacle qui va faire un carton populaire et c’est tant mieux.

ATTEINTES A SA VIE de Martin Crimp, adaptation de Sébastien Piron: Là, je me suis arrêtée au nom de l’auteur. J’aime Crimp dont les histoires m’évoquent un peu Pinter et son théâtre de la menace. Et donc, sans avoir eu vent du sujet, je n’ai rien compris à la pièce durant la représentation, cherchant à relier ce personnage féminin aux 17 récits proposés. En fait, ce personnage inventé et ses diverses versions ne sont qu’un outil de vente aux médias. Voir alors les quatre comédien.nes arborer de larges sourires commerciaux tout en proférant des monstruosités m’aurait alors moins déplu, pour ne pas dire dégoûté. Pour ma part, ce texte sera à lire plutôt qu’à voir et entendre.

(EX)ODE de Matias Chebel : Spectacle plus musical que théâtral auquel je ne m’attendais pas. Une ode aux exilés de tous bords et aux mélanges des origines. De belles mélodies transmises par deux musiciens excellents et un chanteur tout en émotion et plaisir du partage.

Dans le Off Avignon mais vu auparavant :

CECILE

Et puis une belle rencontre issue du monde virtuel: partageant nos goût depuis des années à travers nos blogs respectifs, nous nous sommes rencontrés à Avignon. Voici son avis sur les spectacles auxquels il a assisté cette année : ICI dont son grand coup de coeur pour la pièce « J’AIME » tirée du roman de Nane Beauregard.

Bernhard du blog « Coquecigrues et ima-nu-ages« 

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