Au Design Museum de Londres du 7 avril au 30 juillet 2023
Le but premier du design est d’inventer, d’améliorer ou de faciliter l’usage ou le processus d’un élément ayant à interagir avec un produit. Un de ses rôle est d’améliorer la qualité de vie des humains. Il est lié à l’innovation technique, à la production en série, et à l’esthétique contemporaine de son époque. Cette exposition est la première qui présente le travail d’Ai Weiwei sous l’angle de commentaires sur le design.
L’entrée du musée présente la charpente en bois d’une maison appartenant autrefois à une famille prospère de la province du Zhejiang, dans l’est de la Chine, au début de la dynastie Qing (1644 – 1911). Utilisant des couleurs industrielles, Ai Weiwei a peint la maison et l’a installée sur des bases en cristal. Fragilité et solidité. Le papier peint s’intitule avec humour « The animal that looks like a lama but is really an alpaca«
L’exposition occupe une seule grande salle où sont étalés cinq champs rectangulaires. L’un est constitué de 4 000 outils en pierre de la période néolithique, l’autre de 250 000 becs cassés de théières jugées imparfaites dans les manufactures de porcelaine, il y a environ un millénaire. Viennent ensuite 200 000 boules de porcelaine artisanales de la même époque, utilisées comme munitions dans l’artillerie de l’époque. Un rectangle est composé de gros éclats de porcelaine émaillée bleue, les restes de ses propres sculptures qui ont été détruites lorsque l’État chinois a démoli son studio de Pékin en 2018. Le dernier champ est fait de briques Lego, envoyées par des membres du public lorsque la société Lego a brièvement cessé de les vendre à Ai, qui les utilisait pour faire des portraits de prisonniers politiques.
Le sujet de l’exposition est la signification humaine des choses fabriquées et de leur utilisation. La vie est présente dans la pièce par les objets qui y sont étalés.
Les outils en pierre, vieux de milliers d’années, occupent le même espace que les briques de construction légo produites en série. La valeur et l’utilisation de ce qui est appelé à devenir déchets rend perceptible le passage du temps.
Le tremblement de terre du Sichuan en 2008, causant la mort de quantité d’enfants du fait de la fragilité de construction de leur école, est ici commémoré. Les noms de 5197 d’entre eux ont été imprimés en rouge sur des feuilles de papier encadrées, à l’aide de tampons de jade sculptés à la main et fabriqués individuellement pour chacun. Les deux serpents (Lifevests Snake et Backpack Snake) affichés au mur sont des références aux désastres sociétaux de la crise des réfugiés et des enfants du tremblement de terre.

L’ironie d’un mural en briques Lego copiant un des tableaux de Nymphéas de Monet exhibe une sorte de porosité entre artifice, artisanat et art.
Utile et inutile, humble et précieux, solidité et fragilité, création et destruction, ancienneté et nouveauté, autant d’antagonismes qui définissent les facettes divergentes de l’humanité.

Photographies et vidéos complètent cet ensemble d’oeuvres. Une présentation synthétique et pertinente qui confirme la puissance du travail d’Ai Weiwei. Entre fonction et signification, objets manufacturés et art du readymade, l’artiste détourne les objets pour construire images et messages politiques.
« Je suis un dissident de l’inconscience humaine et de l’injustice » Ai Weiwei





Une réflexion sur “« Making Sense » Ai Weiwei”