Du 13 au 23 octobre 2020. Théâtre de Vidy, Hors les murs, Eglise Saint-François
«Au milieu du chemin de notre vie, ayant quitté le chemin droit, je me trouvais dans une forêt obscure.» Dante Alighieri, La Divine Comédie (II,1-3)
En préambule de la représentation, il nous est proposé une courte et intéressante analyse de la fresque monumentale, accrochée dans l’église, de l’artiste Philippe Fretz, Divine Chromatie. Cette représentation contemporaine de La Divine Comédie en 33 panneaux incite le spectateur à aborder la métaphore humaine et spirituelle que l’histoire de la sonde spatiale Rosetta a évoqué pour les auteur.e.s.
Venons-en au spectacle. L’église du XIIIe siècle où a lieu la représentation est située au coeur de la ville de Lausanne. Un éclairage aux bougies appelle au recueillement et c‘est silencieusement que chacun s’installe sur les bancs où se trouve les «Missets», livrets de ce Requiem.

Du haut de la chaire, interpellant les hôtes en tant qu’adeptes de la mission, les deux DDO (directrices des opérations) commencent par présenter les acteurs de cette épopée: Rosetta, la sonde spatiale, son enfant Philae, le robot atterrisseur, la comète Tchouri et les pères ingénieurs, les scientifiques ayant participé à la conception de ce projet spatial parti à la recherche des prémisses de l’humanité entre 2004 à 2014. Ce qui peut ressembler à «poser une plume sur un caillou puant et minuscule, biscornu, à la forme d’une cacahuète qui file à travers l’univers à des millions de kilomètres-heure» (cf livret). Quand on dit que la foi peut déplacer des montagnes!
Les intervenants, soliste, choristes et instrumentistes, sont vêtus de tuniques et de perruques violettes, accentuant visuellement le côté liturgique ou ésotérique de leurs prestations musicales en direct, tour à tour glorieuses, dramatiques, cybernétiques ou romanesques.

Dirigés par un spatio-révérend (le compositeur et musicien Valentin Villard), la musique et les sons proviennent du choeur et des musiciens, dispersés dans le vaste espace de l’édifice. Orgue, trombone, violon, percussions, chants entourent et immergent le public dans une atmosphère aussi cosmique que mystique. Une composition sensible, baroque et contemporaine, spécialement composée pour cette pièce.
Comme dans une célébration religieuse, les ouailles que sont les spectateurs seront invités à se lever à quelques reprises pour donner de leur voix et clamer leur foi en lisant des «psaumes terrestres» ou des «cantiques obsolètes». Une procession est emmenée par un enfant-évêque qui énoncera un message d’espoir pour l’humanité.

L’aventure de la sonde Rosetta est ainsi narrée, étape par étape, année après année. De 2004 à 2014, elle met dix ans à atteindre son Graal sacré, la comète chevelue Tchouri, pour y déposer son rejeton, le robot Philae. Lequel enverra à sa mère et à la terre des photographies et des informations scientifiques remarquables dont certaines n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Une histoire de foi, de patience et de sacrifice, un conte initiatique céleste empreint d’émotion, à plus de 500 millions de kilomètres de la terre.
A noter que le livret, création de Marielle Pinsard et édité par art&fiction, est distribué gracieusement aux spectateurs. A la fois poétique et drôle, cet objet artistique synthétise cette production avec bonheur.

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Des informations complémentaires sur la mission Rosetta? il y en a beaucoup sur le web… Celui du site « La 21e minute », intitulé UN PLAN SUR LA COMETE est simple et efficace. Je vous le conseille. Il donne par exemple l’origine du nom que l’on a choisi pour La sonde: Rosetta vient de la pierre de Rosette qui a permis à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes au XIXe siècle. Donc, un code permettant de déterminer un message. Pour les scientifiques du Centre d’études spatiales, les informations apportées par Rosetta et Philae permettraient de déchiffrer ce qui a abouti à la vie sur terre.

Une réflexion sur “«Requiem pour Rosetta-Une histoire d’amour» Marielle Pinsard/Valentin Villard/Mathylde Demarez”