Biodiversité artistique. Cliquez sur les 3 barres de droite pour obtenir des détails sur les publications:
Erwin Wurm (1954) § autodérision
Material c-print, Year 2007, Size 134 x 97 cm, Courtesy Erwin Wurm, Galerie Thaddaeus Ropac, Salzburg (A), Paris (F),Photo Studio Wurm
« J’avais gardé jusqu’alors, séparées par une paroi étanche, les problématiques de l’art et de la vie. C’est alors que j’ai brisé cette frontière. J’ai également donné une place et une valeur à ce que l’on rejette ou ce que l’on cache habituellement : le ridicule, l’échec. Le jeu possède à mon sens une grande force, un vrai pouvoir de subversion. L’humour et le jeu permettent vraiment de soulever beaucoup de questions, de faire passer beaucoup de choses sans se montrer blessant ou doctrinaire. » Erwin Wurm
Artiste autrichien, Erwin Wurm se forme à la Kunstakademie de Vienne. Entre Fluxus et Dada, ce sculpteur utilise les objets du quotidien pour les mettre en scène dans un usage paradoxal et absurde, lors d’un temps donné. En détournant leur fonction, il revisite la sculpture traditionnelle et modifie notre regard sur nos habitudes, donnant une forme nouvelle à ce que l’on nomme sculpture en se servant directement du corps humain comme support.
« Quand j’ai commencé à travailler, ce que l’on entendait traditionnellement par sculpture était une chose en trois dimensions qui devait durer éternellement. Mon sentiment était que la sculpture pouvait aussi ne durer que quelques instants. J’ai donc fait des photos de ces moments-là, et je considère que ces photos sont aussi des sculptures ».
Débutant par des photos d’ustensiles en lévitation, il prolonge l’idée en immortalisant leurs traces dans la poussière (« Dust Scuptures »), des oeuvres éphémères qu’il photographie. L’objet le plus banal, assorti d’un corps humain, peut alors devenir oeuvre d’art pour un temps donné.
La pratique artistique d’Erwin Wurm se situe entre la sculpture et la performance et confronte la vulnérable condition humaine à une autodérision comique et consolatrice.
En 1992, L’artiste filme de grands vêtements extensibles investis de corps sans que l’on puisse percevoir les modèles (Musée Ludwig de Cologne et à Pompidou). Il photographie ensuite ces différentes postures et crée l’oeuvre 59 Stellungen (59 positions).
Erwin Wurm, détail de « 59 positions », 1992
Déformer est le maître mot du travail d’Erwin Wurm.
En 1997, il se filme en train d’expérimenter des postures en équilibre précaire avec des objets. Ses « One Minute Sculptures » mettent en scène le regardeur qui devient acteur et performeur (de même au féminin!). Dans la ligne des mouvements Dada et Fluxus, un mode d’emploi sous forme de notice décrit les instructions d’une position à prendre durant un court instant. Il s’ensuit une sculpture éphémère dont vous êtes l’objet, un ready made humain! L’humour et l’absurde se mêlent, tout en permettant de découvrir certaines limites corporelles ou de les dépasser, que ce soit dans la tension provoquée ou l’obtention d’un équilibre précaire.
Plus tard, il joue avec l’échelle des objets choisis: Fat Car, Fat ou Narrow Houses, véhicules tordus et assouplis ou invraisemblablement positionnés. Toujours drôle, mais interrogeant notre société, notre consommation, notre espace. Ses « Instructions for Idleness (oisiveté) » incitent à changer le regard sur la vie que l’on mène : « Ayez l’air idiot », « Fantasmez le nihilisme », « Soyez indifférent à tout », « Ne travaillez pas », « Pensez au vide »… Des injonctions pour des désirs non naturels et non nécessaires qui détournent l’être de son quotidien machinal jusqu’au questionnement absolu : au regard des conventions sociales, où se situe exactement l’absurdité?
House Attack
Narrow House
Fat House
Ses invraisemblables statues, textiles ou moulages, semblent être des silhouettes extraites de rêves, de cauchemars ou de dessins animés. Impossible de ne pas ajouter son Mr. Mutt!
Le site de l’artiste, où l’on peut apprécier ses dessins, ses autoportraits (en cornichon), ses Word sculptures récitées par les visiteurs, ses explorations sur le thème de la saucisse, bref, tout un répertoire de photographies de performances!
Le groupe Red Hot Chili Pepper s’est inspiré de son oeuvre dans le clip ci-dessous:
L’autodérision, c’est le fait de se moquer de soi-même. Nombre de comédiens utilisent l’ironie de soi, ce qui provoque le rire, l’empathie et même l’identification et diminue l’agressivité et la compétitivité sociale.
Woody Allen en est le champion toutes catégories ! (source)
– Vous êtes un amant merveilleux – C’est que je me suis beaucoup entraîné en solitaire…
La plupart du temps, je ne rigole pas beaucoup. Et le reste du temps je ne rigole pas du tout.
Un petit mot sur la contraception orale. J’ai demandé à une fille de coucher avec moi et elle a dit «non».
Des erreurs, j’en ai fait. D’abord, je suis né. Première erreur!
Je ne sais pas ce qui m’inquiète à propos de la mort: sans doute les horaires.
Je n’ai pas peur de la mort, mais quand elle se présentera, j’aimerais autant être absent.
Erwin Wurm met en valeur ce que l’on aurait tendance à cacher: le ridicule, l’échec.
Pour explorer plus encore le concept de l’autodérision, procurez-vous le livre de Dominique Cozette, « La fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés ». Il se dévore avec délectation. L’autrice y décrit, dans le meilleur style et avec un humour ravageur, les multiples occasions qui lui ont été offertes de percer dans le monde du spectacle qui se sont toutes soldées par des échecs. Une vie de ratages? Plutôt une vie passionnante, oui!
« Spécialiste du chou blanc. Collectionneuse de fiascos. Diva de la déroute. Chopeuse de déboires. Professionnelle du râteau. Cueilleuse de gamelles. Perverse du revers. Cuiseuse de défaite. Preneuse de vestes. Rateuse de coche. » Dominique Cozette (présentation du livre)
Extra ! merci !!
K&M
J’aimeAimé par 1 personne