
A l’Arsenic – Lausanne, du 5 au 9 février 2020. Tout public dès 8 ans.
Hector Malot (1830-1907) publie son roman en deux tomes intitulé « Sans famille » en 1878. Militant pour plusieurs causes sociales, son travail d’écrivain est proche du mouvement réaliste.
Jonathan Capdevielle (1976) est un artiste protéiforme, acteur, marionnettiste, ventriloque, danseur, chanteur, metteur en scène. Il s’empare du personnage de Rémi et de son aventure en la redimensionnant dans un présent onirique et fantastique.
L’épisode 1 de l’histoire est celle de Rémi, l’enfant abandonné, et de ses rencontres avec une dizaine de personnages qui vont marquer sa vie et devenir des « tuteurs de résilience ». L’adaptation fait débuter la pièce par un Rémi plus âgé, devenu chanteur à succès, racontant sa vie lors d’une interview radiophonique. Son récit sera donc un flashback.
Le texte remanié est émaillé de clins d’oeil et d’allusions au star system, une complicité de l’auteur avec les spectateurs adultes. L’épisode de la « leçon d’imagination » que donne Rémi à Arthur est un grand moment!
Quatre comédiens virtuoses se partagent la distribution. Dimitri Doré (Rémi) et Babacar M’Baye Fall (M.Vitalis) garde leur rôle tout au long de la pièce, tandis que Michèle Gürtner ( de la 2bcompany) et Jonathan Drillet passent d’un costume à l’autre interprétant plusieurs intervenants. Ces costumes (Colombe Lauriot Prévost) sont d’ailleurs très évocateurs. Vitalis, impressionnant, semble sorti d’un western de Tarentino, Capi d’une oeuvre du plasticien Augustin Rebetez, Mrs Milligan s’est échappée d’Alice au pays des Merveilles, le pauvre Arthur malade est aussi glacé qu’un esquimau, etc.
Dans une scénographie jouant avec l’espace scénique, Jonathan Capdevielle traduit les émotions de son héros avec une belle intensité. Le vaste plateau, le rideau de scène juste entrouvert, les moments d’obscurité, les jeux de lumière (Yves Godin) ajustent le ressenti d’une situation ou d’un sentiment.
Ce spectacle accessible aux enfants est une merveille. Les plans sont quasiment cinématographiques, la création sonore originale offre le merveilleux et une atmosphère singulière, les scènes sont pensées avec finesse, la technique, son et éclairages, est utilisée avec art, le texte est très drôle pour les grands comme pour les plus jeunes, le récit est fidèle à la trame du roman tout en exprimant une belle originalité et les comédiens procurent à cette histoire tragi-comique une existence tangible et mémorable.
Toutes les photos (c) Marc Domage
L’épisode 2 est offert aux spectateurs à l’issue de la représentation sous la forme d’un CD audio! Et il aussi magnifiquement produit que le spectacle!
Interview de Dimitri Doré sur France Culture (2018)
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L’épopée est jonchées d’épreuves souvent tragiques ce qui en fait un véritable roman initiatique. Rémi, grâce à son courage et sa détermination, de rencontres en séparations, apprend les aléas de la vie et construit sa personnalité. Une allégorie de la vie, mais aussi du métier d’artiste.
Chaque enfant qui a réussi à rebondir après un malheur a connu au moins une relation stable et engagée avec un adulte encourageant et bienveillant.
Huit points clés pour favoriser la résilience chez l’enfant sur le blog « Apprendre à éduquer »