Au théâtre de Vidy-Lausanne du 15 au 18 janvier

Les cosmistes appelaient l’Univers «la grande maison».
Tandis que depuis notre «petite maison», certains (dont Stephen Hawking) sont d’avis qu’une nouvelle planète serait une solution à la survie de l’humanité. Alexis Forestier et Itto Mehdaoui explorent le cosmisme, ce mouvement philosophique et mystique russe de la fin du XIXe siècle.
La scène du Pavillon du théâtre de Vidy est envahie d’étranges dispositifs. L’ambiance est chamanique, enveloppée de chants et de bruitages. Un capharnaüm d’objets incongrus se trouve dispersé sur le plateau ou suspendu au cintre. Aussi poétique qu’intrigant. Des corbeilles sur de hauts trépieds évoquent la Guerre des Mondes, tandis que des soucoupes affublées de jute se balancent au-dessus d’établis chargés de bric-à-brac. Des personnages coiffés de toques et vêtus de tuniques paysannes s’affairent à placer et déplacer des machines de bois d’un autre âge.
Durant la pièce, un écran en fond de salle diffusera des images d’archives tandis que les costumes et les objets évolueront en fonction de l’époque dont il est question dans le texte. Les jeux de lumière participent du climat technologique de la scénographie.

La pièce est une plongée dans l’aventure cosmique de la Russie. Commençant par la théorie philosophique de Nicolaï Fiodorov, continuant avec l’espoir de colonisation des astres par les communautés paysannes, jusqu’à Gagarine quittant la gravité terrestre, l’histoire de cette utopie nous est contée par les deux auteur.e.s, entremêlée de plages musicales et rythmiques directement jouées par les musiciens sur scène. Punk Rock et chants traditionnels se mélangent, accompagnant une frénétique activité de constructions d’objets mécaniques sensés prendre leur envol, du spoutnik miniaturisé à la fusée enfumée.
Un impressionnant visuel, une occupation plénière du plateau par les comédiens-musiciens, des créations techniques issues d’un art que l’on pourrait qualifier de brut, font de ce spectacle une performance plastique, musicale et textuelle interrogeant le sacro-saint progrès et l’utopie de certains de ses objectifs.
Le flot d’informations qui constitue la pièce, quelquefois submergé par les sons, semble parfois démesuré, surtout à la fin. Pourtant la scénographie plastique, toujours en mouvement, accroche l’attention.
Volia en russe signifie liberté et volonté, il est associé au terme espace. Cet espace, revisité par les auteur.e.s, architecturé sur scène par des objets évolutifs, est à l’image de notre monde: envahi par une technologie nous éloignant de la terre.
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Devra-t-on quitter la planète Terre à long terme pour sauver l’humanité?En 2017, l’astrophysicien Stephen Hawking tirait déjà la sonnette d’alarme.
Depuis plusieurs années, les agences spatiales américaines, russes, chinoises et européennes développent des projets afin de coloniser Mars, la Lune ou encore les astéroïdes. Les chercheurs se mobilisent pour trouver des techniques pour produire de l’air respirable, de l’eau et de la nourriture afin de réaliser le rêve de poser un pied sur Mars et d’y installer des résidences secondaires.
L’odyssée de l’espace en images: voir le diaporama
