«Le journal d’Anne Frank» de Geneviève Pasquier/Nicolas Rossier § discrimination

Au théâtre de Vidy-Lausanne du 28 novembre au 19 décembre. Dès 12 ans.

Photo©Julien James Auzan

C’est comme si on faisait vraiment connaissance avec Anne. Une jeune fille ordinaire en somme. La voir s’exclamer, chuchoter avec sa soeur, vibrer, se disputer et même danser redonne vie au personnage et réactive le sentiment d’injustice que cette effroyable période nous évoque. Cette adolescente tellement vivante, disparue juste avant la fin de la guerre, cette adolescente jamais ne mourra.

La scénographie est simple et astucieuse. Trois escaliers escarpés intercalés entre deux parois blanches munies de fenêtres amovibles. Non seulement cela décrit avec peu de chose la promiscuité du logement, mais la configuration s’apparente à la forme d’un cahier. L’éloquente et belle mise en lumière de Laurent Magnin donne toute son amplitude à ce décor épuré.

Deux rétroprojecteurs manipulés par les comédien.ne.s transfèrent des images ou des écrits sur les cloisons de la construction. Ainsi nous seront présentés les membres de la famille d’Anne, dans un jeu de portraits dessinés et les autres clandestins réfugiés dans l’annexe secrète. L’étoile jaune y est momentanément projetée sur les protagonistes pendant qu’ils énumèrent les nombreuses interdictions stipulées aux juifs par les nazis sous peine de déportation.

Photo©Julien James Auzan

Trois acteurs: Anne, sa soeur aînée Margot et Peter, le fils de la deuxième famille hébergée. L’accent étant mis sur les actions et réactions des adolescents, ce sont les trois jeunes qui se partagent l’action scénique, des voix enregistrées personnifiant de temps à autre les quatre, puis cinq adultes cohabitant dans l’Annexe.

«Ce spectacle sera construit d’extraits du Journal soigneusement choisis et agencés selon une logique chronologique traitant de différents thèmes, tels que la vie heureuse d’avant-guerre, le conflit mondial, la politique, la traque des juifs, l’enfermement, la vie quotidienne en communauté, le bouleversement de l’émoi adolescent, la peur et l’espoir.» Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier

Dans le texte (d’après «Anne Frank l’intégrale», éd. Calmann-Lévy) transparaissent son humour, ses colères, ses coups de cafard, ses interrogations existentielles, ses espoirs, même sa culpabilité d’être elle-même à l’abri alors que d’autres souffrent. Parfaitement incarné par Judith Goudal, le personnage d’Anne Frank dégage un dynamisme et une énergie formidables.
Un spectacle à voir absolument, adultes comme adolescents. Pour se remémorer et s’interroger sur les discriminations de toutes sortes auxquelles nous sommes confrontés, dans la vie courante ou dans les médias, le Journal d’Anne Frank garde un sens totalement intemporel.

Pour en savoir plus sur le personnage visiter Anne Frank House

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La discrimination sociale, c’est le fait d’opérer une distinction concernant une personne ou une catégorie sociale qui produit un rejet d’exclusion sociale sur des critères tels que la religion, l’origine, le genre, la culture, etc. (latin discriminis: séparation)

En 1968, au lendemain de l’assassinat de Martin Luther King, une enseignante a tenté une expérience dans sa classe pour faire comprendre  aux élèves en quoi consistait la discrimination raciale. Elle prend pour critère la couleur des yeux et favorise les yeux bleus le premier jour, les yeux bruns le second. Une décision arbitraire qui fait ressentir l’absurdité de cette différenciation depuis l’intérieur.

Jane Elliott, l’enseignante, est devenue formatrice d’adultes en diversité. L’expérience « Yeux bleus-Yeux marrons », qualifiée d’éprouvante, fut passablement controversée. Pourtant, dans ce cas, c’est seulement une expérience limitée dans le temps!

 

« Oh Grand Esprit, empêche-moi de juger un homme tant que je n’ai pas marché un mile dans ses mocassins » Prière Sioux

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