
Du 20 au 24 novembre 2019 au théâtre de l’Arsenic-centre d’art scénique contemporain-Lausanne.
Ruth Childs commence très jeune la danse et le violon aux Etats-Unis et poursuit sa formation à Londres. Installée ensuite à Genève, elle travaille pour des chorégraphes comme Foofwa d’Imobilité, Gilles Jobin, La Ribot, Yasmine Hugonnet ou encore Marco Berrettini. Elle reprend par ailleurs les pièces que sa célèbre tante Lucinda lui a transmises. Avec cette création, elle revient sur ses premiers souvenirs musicaux, une sorte d’introspection, un retour aux sources de son désir de danser.
Les morceaux choisis font partie des oeuvres symphoniques écoutées avec sa famille à New York, de ceux que chacun porte en soi sans forcément savoir les nommer, issus de Tchaïkovski, Beethoven ou Dvorak. Utilisés tels quels ou modifiés. L’environnement sonore créé par Stéphane Vecchione inclut un ingénieux système permettant à la danseuse d’enclencher elle-même la musique par bribes.
Un plateau blanc et nu, un éclairage plein feu. Gisante, vêtue et coiffée de mauve, un lent éveil la conduit à la position assise, puis à des mouvements tournants, comme incités par cette plongée musicale et rythmique. Se mêlent peu à peu le son, l’action et la couleur.
Perruque et tunique blanche, émergeance d’une personne différente. On l’entend respirer, presque un râle, un souffle douloureux, une aspiration qui fait naître la musique. Puis c’est le geste agissant sur le corps qui la produit : pincements, frottements, secousses. Silences. Un orchestre s’accorde, tel une adolescence, tel un prélude corporel. Et que valsent le corps et les expressions du visage: Joie, tristesse, peur, mélancolie, angoisse, plaisir, colère… pour enfin découvrir la saveur des saluts.

Alors, le ton change. Non pas celui de la musique, ni celui de la chorégraphie. Une onde stationnaire la traverse et elle reprend en blanc, vert, rouge, et finalement noir, la traversée diagonale en pas et en déboulés. La danse, c’est répéter encore et encore, mûrir et vibrer toujours.
«Fantasia» est aussi le titre du dessin animé de Walt Disney. Innovant pour l’époque (1940), il proposait, entres autres audaces, des interprétations animalière que ne se prive pas d’évoquer Ruth Childs avec humour.
Dans cette première création en solo, Ruth Childs, revisitant certains traits de la danse de ballet, ose une transcription contemporaine jubilatoire sur de la musique classique. Elle se remémore et dépoussière, cherchant et retrouvant des sensations primales, des mouvements enfouis, un plaisir spontané. Et par ce déploiement de générosité, on se surprend à avoir envie de galoper sur ses traces.
§
Troisième dessin animé long-métrage de Walt Disney, son Fantasia (sorti en 1940) est, tout comme la pièce de Ruth Childs, un hommage audacieux à la musique classique. Du Casse-noisette de Tchaïkovski au Sacre du Printemps de Stravinski, en passant par L’Apprenti Sorcier de Paul Dukas, le film cite huit morceaux incontournables.
Le chef d’orchestre Leopold Stokowski dirige la production musicale. diffusée par un procédé novateur pour l’époque, le Fantasound. Le film tente une visualisation de la musique, concept qui n’a pas plu à tout le monde. Il n’a en effet pas eu le succès escompté à sa sortie, les critiques le qualifiant de sacrilège et Stravinsky, seul compositeur vivant à cette époque, l’a trouvé « exécrable ». Il est maintenant considéré comme un classique.
…de « sacrilège » en passant par « exécrable » on arrive au « classique » – le sort de bcp d’œuvres….
J’aimeAimé par 1 personne
Absolument. Le regard instantané vs le regard rétrospectif.
J’aimeAimé par 1 personne