
Le 14 septembre au théâtre de Vidy (en plein air)
Le bleu uniforme du ciel. Au loin les Alpes, devancées par le lac étale et la pelouse de ce vaste espace où le public est invité à se disperser. Douze silhouettes immobiles sont ployées, en appui mains et pieds, éparpillées sur une cinquantaine de mètres.
Le bruit des vagues contredit étrangement l’atmosphère ensoleillée de ce calme après-midi de septembre : le son de leur déferlement nous surprend. Après un instant d’hésitation, nous apercevons les haut-parleurs.
Paradoxalement, c’est très lentement qu’une légère houle déplace la position des danseuses (et d’un danseur), comme emportées par un ralenti cinématographique. Tour à tour écrasées au sol, le torse cabré, dressant l’un ou l’autre membre, roulant sur elles-même, suspendant leurs postures… et allongeant le temps.
La sonorité, toujours liquide fluctue en gouttelettes. Les équilibres se modulent, languides et serein. Les corps ondoyants adoptent des appuis disparates et incongrus. Deux par deux, ils se rassemblent, des figures siamoises se forment, se regroupent par trois, par quatre, puis six. Dans une sonorité marine abyssale, d’étranges concrétions se créent, coraux articulés ou agrégats de coquillages, corps assemblés, portés, encastrés, livrés, impavides et confiants. Des voix s’entremêlent comme les morphologies des danseuses. Une écriture naît de l’agencement des corps. Entre stabiles et mobiles, des sculptures sont modelées. Joignant Calder à Rodin, Yasmine Hugonnet cisèle ses compositions vivantes.

Enfin, ils se rejoignent, abandonnent leur lente mouvance, s’accumulent tels des piliers lacustres et entrent dans l’onde paisible du lac.
Un banc de visages flotte alors sur les eaux du Léman.
Hors du temps et de sa course folle, la beauté et l’harmonie affleurent de cette envoûtante création. Une parenthèse de félicité et de confiance.
La pièce «Extensions» est construite à partir de trois partitions de la chorégraphe Yasmine Hugonnet, dont deux passées («Le Récital des postures» et « Se Sentir vivant») et une à venir l’an prochain («Seven Winters»). La création sonore est de Frédéric Morier.
Avec Noémi Alberganti, Stéphanie Bayle, Sarah Bucher, Jean-Nicolas Dafflon, Karine Dahouindji, Clara Delorme, Laura Gaillard, Alice Gratet, Maïté Jeannolin, Anaïs Kauer, Margaux Monetti, Romane Peytavin
ICI, la page « Extensions » du théâtre de Vidy
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C’est sur la rive du lac Léman que se trouve le théâtre de Vidy où se sont créés et produits les spectacles de Yasmine Hugonnet.
Le lac Léman, le Léman, ou en anglais Lake Geneva, au bord duquel se trouve la ville de Lausanne, est traversé d’est en ouest par le Rhône. En forme de croissant, il est partagé par la Suisse au nord et la France au sud. On lui donne familièrement trois petits noms: le Haut Lac côté Villeneuve, le Grand Lac au centre et le Petit Lac côté Genève. C’est le plus grand lac d’Europe occidentale (582,4 km2 et 89 km3). Ne l’appelez jamais lac de Genève devant un habitant du canton de Vaud!
Comme toutes les étendues d’eau, il n’est pas à l’abri de la surpêche puisque, la féra ayant disparu au début du XXe siècle, celle que l’on vous sert au restaurant est de l’espèce réintroduite des corégones, les palées, famille des salmonidés.
Le Léman est une zone migratoire de prédilection pour de nombreux oiseaux. Cependant, il n’est pas épargné par la pollution et est envahi de débris plastique, de déchets chimiques et d’engrais divers. L’eau y est, semble-t-il, encore potable. Pour combien de temps? Etude du magazine Bon à Savoir.
En 563, un tsunami lors d’un éboulement du côté du Haut Lac a détruit de nombreux villages sur toute sa longueur. Pour en savoir plus, ne manquez pas de visiter le Musée du Léman lors de votre prochaine visite en Suisse!
L’Association pour la sauvegarde du Léman lance un grand de nettoyage du lac les 16 et 17 mai 2020!
Une réflexion sur “«Extensions» de Yasmine Hugonnet § le lac Léman”