Vik Muniz (1961) § « art et illusion » de E. Gombrich

Durant son enfance à Sao Paulo,  le jeune Vincent José de Oliveraie Muniz, issu d’une famille modeste, s’intéresse aux livres d’art feuilletés dans les bibliothèques, puis décroche une bourse pour des cours de dessin à l’âge de 14 ans. C’est dans la publicité qu’il entame sa vie professionnelle.

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Vik Muniz, Self-Portrait, 2005 © Vik Muniz – Courtesy galerie Xippas

En 1984, suite à une rixe, un homme riche lui offre un billet pour les USA. Il s’installe à New York deux ans plus tard. Fasciné par la mémoire de l’image et la nature de notre perception, il se penche sur les travaux d’Ernest Gombrich, en particulier « L’Art et l’Illusion », un livre mêlant art, philosophie et psychologie. Ayant débuté en tant que sculpteur, il poursuit sa recherche par la photographie. Il va alors travailler sur la faculté de projection du regardeur : par un simple regard, notre imagination recompose des images mentales connues sur des espaces uniquement suggérés. Par exemple, une main peinte dans une scène de genre évoque le personnage entier, un flou lointain dans un paysage nous fait imaginer une forêt, des espaces laissés vides par l’artiste peuvent être meublés par notre imagination au regard du reste de l’oeuvre.

C’est donc à partir de l’information initiale visuelle (et culturelle), reprise ou citation, du regardeur que Vik Muniz construit son image et c’est en approchant l’oeuvre que nous y décelons une construction particulière, faite d’accumulations et de juxtapositions, et que surgit une nouvelle perception.

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Projeter une oeuvre sur le sol avec un vidéoprojecteur, la reproduire avec des matériaux solides ou liquides (fils, confiture, sucre, chocolat, diamants, pièces de puzzle, etc.) et enfin photographier l’installation.

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Vik Muniz, « Pollock », 1997 (chocolat)

Suite à l’exposition de 2012,  la Collection Lambert d’Avignon présente une nouvelle fois son travail. « Imaginaria« , représentations de saints et saintes d’après les grands peintres, se déroule jusqu’au 29 septembre 2019. Vik Muniz revisite les icônes de l’histoire de l’art à partir de photos découpées dans des magazines, proposant une nouvelle lecture de leurs identités à la lumière du monde moderne.

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Vik Muniz, « Saint Lucy », after a praying card (Imaginária), 2019,impression jet d’encre (177,8x150cm). Courtesy of Galerie Xippas, ©Adagp, Paris 2019

Le film documentaire de Lucy Walker, Joao Jardim et Karen Harley intitulé « Wast Land » (2010) relate son travail avec les déchets tirés de la plus grande décharge du monde à Rio de Janeiro. Les bénéfices des photos réalisées à cette occasion par Muniz ont été reversés aux Catadores, les travailleurs de la décharge.

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Vik Muniz, d’après Courbet, 2013 (photos de magazines) Digital C-print, Edition of six (180x220cm)

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Sir E.H. Gombrich, qui fut directeur du Warburg Institute et professeur d’histoire de l’art classique à l’Université de Londres, est célèbre pour ses recherches sur les aspects psychologiques de la création artistique.S’appuyant à la fois sur les travaux et les conceptions de la psychologie expérimentale et sur l’étude des styles traditionnels, il s’efforce de dégager une définition de la créativité artistique, valable pour toutes les périodes de l’activité humaine, depuis celle de la préhistoire, des peuples chasseurs et de l’art des cavernes, jusqu’aux développements marqués par la conceptualisation égyptienne, la révolution de l’art grec, pour aboutir aux théories modernes de l’impressionnisme, du cubisme, de l’expressionnisme et finalement d’un art non figuratif.Dans cet ouvrage classique, E.H. Gombrich applique sa méthode caractéristique de vérification de l’appréciation et du raisonnement, en s’appuyant à la fois sur les résultats d’une expérimentation scientifique et sur le jugement comparatif des oeuvres et des styles. Il montre comment l’esprit de création et de recherche qu’expriment les talents individuels doit sans cesse prendre appui sur une expérience traditionnelle et ne saurait échapper aux lois naturelles qui commandent et règlent l’activité de la pensée. Il appuie son argumentation sur de nombreuses illustrations, choisies en fonction de leur valeur démonstrative et non pas de leurs qualités esthétiques.Mais l’originalité de cette doctrine d’ensemble se trouve surtout dans le soin qu’elle prend de définir la part qui revient au spectateur dans la conceptualisation de l’oeuvre d’art et dans l’inévitable évolution des théories et des styles. Son étude des moyens de suggestion et du processus de « projection » inséparable de toute « illusion artistique » est, de ce point de vue, d’une valeur particulièrement convaincante. Edition Gallimard

 

2 réflexions sur “Vik Muniz (1961) § « art et illusion » de E. Gombrich

    1. Je n’ai vu que les saint.e.s à Avignon, mais la différence entre une vision éloignée et proche était fascinante. Avec mille découvertes lors du rapprochement. Après…c’est un procédé…mais il est parfaitement accompli.

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