Au-delà de l’aspect spectaculaire de sa technique, Liu Bolin, 劉勃麟, pose la question de la disparition de l’individu avalé par son milieu. A Lausanne, le musée de l’Elysée rassemble une cinquantaine de ses photographies monumentales qui interrogent des problématiques sociales, politiques et écologiques.
Liu Bolin, né dans l’est de la Chine, a étudié les beaux-arts à l’académie du Shandong, puis effectue son Master à celle de Pékin. Les symboles de la Chine, fréquemment utilisés dans son travail, y sont strictement interdits.

Son projet « Hiding in the city », débute en 2005 lorsque les autorités chinoises expulsent la population de son quartier et le démolissent en vue des jeux olympiques de 2008. Son atelier de sculpture détruit devient le premier lieu devant lequel il se fond en une protestation silencieuse et déterminée.

Liu Bolin n’utilise aucun trucage numérique, la performance s’accomplit à l’aide d’assistants. Recouvert d’une crème protectrice qui se plastifie, le modèle est peint jusqu’à disparaître dans le contexte choisi. Après des heures de pose et de travail de peinture, l’oeuvre photographiée convie le regardeur à investir l’environnement déterminé par l’artiste en l’examinant avec minutie.

Dans la série ci-dessus dédiée aux transformations urbaines, l’être humain semble perdu, effacé par la monstruosité des machines. Comme dans celle des slogans, où il est submergé par les mots d’ordre politiques utilisés par les autorités comme outils pédagogiques. En les investissant, il invite à les reconsidérer.

La série « Target (Cible) », Liu Bolin met l’accent sur l’écologie en faisant poser des villageois dans des lieux hautement pollués ou dans une nature intacte. Le camouflage, à l’instar des animaux, pourrait devenir une technique de survie.
Se laisser noyer par la société de consommation ou se perdre dans la sécurité factice d’un collectif abusif, l’oeuvre de Liu Bolin est un signal d’alarme visant à rendre attentif. Elle fait aussi partie des réalisations artistiques ludiques et populaires. Recette lucrative pour « l’homme invisible », puisqu’il est régulièrement exposé en Europe et travaille actuellement avec de grandes marques.

Liu Bolin utilise le camouflage pour attirer le regard sur un environnement qu’il veut faire redécouvrir.
A l’image du caméléon, camoufler son identité peut également devenir une mesure de sécurité.
Comme le souligne le travail de Matthias Bruggmann, on peut aussi utiliser l’environnement pour l’affubler d’une image mensongère.
Biolin m’a toujours laissé bouche bée – mais Bruggmann je ne connaissais pas – et ses photographies me semblent en effet remuantes… Merci pour la découverte !
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Bruggmann est suisse et il est le lauréat du prix Elysée 2018.
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A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
LIU BOLIN (1973)/ MATTHIAS BRUGGMANN (1978)
par CULTURIEUSE
28/10/26
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Caroline ma co-fondatrice l’a également rencontré pour The Gaze !!
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