Julie Mehretu (1970) § Jérusalem d’Alan Moore

© Julie Mehretu, Stadia II(encre et acrylique sur toile), 2004, 274x366cm.

Mais où se trouve-t-on? Quel est cet espace tourbillonnant? D’où provient ce vertige devant une toile en … deux dimensions? Que signifient ces formes géométriques virevoltantes? Pourquoi ai-je la sensation de reconnaître malgré tout ce « paysage »?

Julie Mehretu est née en Ethiopie. Suite au renversement de Haïlé Sélassié, son père d’origine éthiopienne et sa mère américaine rejoignent l’état du Michigan aux Etats-Unis lorsqu’elle est âgée de sept ans. Voilà pour l’origine.

Julie Mehretu. Excerpt (molotov cocktail), 2003. Ink and acrylic on canvas; 32 × 54 inches. Collection of Nicolas Rohatyn and Jeanne Greenberg Rohatyn. Photo by Erma Estwick. © Julie Mehretu. Courtesy of Marian Goodman Gallery

Peintre des flux, polycartographe contemporaine, architecte des mouvances urbaines, économiques, informatiques, sociologiques, etc, Julie Mehretu utilise la peinture, média traditionnel, pour tenter de traduire la complexité de notre temps bouleversé par de grands chambardements, dont internet n’est pas le moindre. Par juxtapositions successives, la rigueur du fond est submergée par la liberté des traits de la strate suivante. Géométrique et fluide à la fois, se trouver face à une de ses immenses toiles est une expérience incomparable. Ses derniers travaux s’inspirent de l’art mural et du grafitti.

Julie Mehretu, Conjured Parts (eye), 2016, 213×243 cm

Le merveilleux philosophe Michel Serres avance que trois grands basculements ont transformé la civilisation: L’invention de l’écriture, celle de l’imprimerie et enfin les nouvelles technologies informatiques ( résumé par le blog de A.Pleynet). Notre conception de l’espace et du temps en est totalement remaniée. Quoi de mieux que l’art pour tenter une représentation?

Julie Mehretu construit ses œuvres psychogéographiques par une accumulation de fines couches de peinture acrylique, souvent mate et terne, puis termine par l’ajout de trames, de matrices, de marques en utilisant des pochoirs, des marqueurs, de l’encre, du graphite ou des jets de peinture colorés. Ses dessins de base sont écartelés entre la rigueur des plans architecturaux et un trait spontané, incontrôlé, semblable aux écritures automatiques des Surréalistes. (letrampoline.com)

Aller sur https://www.wikiart.org/fr et utiliser l’outil de recherche pour voir 15 oeuvres de Julie Mehretu.

L’architecture, qui marque l’identité d’une ville, est pour Julie Mehretu un marqueur capital de nos sociétés. L’érection d’immeubles ou leur démolition révèle les mutations successives de l’histoire du lieu. Les cartographies artistiques qu’élabore l’artiste, entre gigantisme et minutie,  pourraient s’apparenter à la tentative de transcription d’une quatrième dimension mêlant espace et temps, durée et topologie, histoire et géographie, etc.

https://www.drgoulu.com/2007/02/06/voir-en-4-dimensions/
Mogamma part II, 457x366cm
Détail de Mogamma partII

 

(…)Le père de Snowy lui avait expliqué un jour ainsi qu’à sa jeune soeur Thursa, comment en modifiant sa hauteur, son niveau sur l’axe vertical de cette existence apparemment limitée à trois dimensions, il était possible d’avoir un aperçu de l’insaisissable quatrième plan, qui était le temps. (…) Alan Moore, JERUSALEM (p.261)

En train de lire ce monumental roman, j’ai l’impression d’y retrouver les strates qu’a peintes Julie Mehretu, transposées dans les mots d’un écrivain prodigieux, lui-même traduit par l’excellent Claro. Ici, une critique dithyrambique à laquelle je me joins pour vous conseiller ce pavé éblouissant et phénoménal.

Les deux liens ci-après conduisent aux résumés des livre I et Livres II et III de cette incroyable saga. Je les ai concoctés « à chaud » dans le but de clarifier mon approche, mais aussi pour donner une idée de l’ambition de ce roman.

Julie Mehretu et sa grande amie Tacita Dean exposées pour un projet commun en 2015 à la Punta della Dogana, Venise.

8 réflexions sur “Julie Mehretu (1970) § Jérusalem d’Alan Moore

  1. J’ai tout juste commencé Jérusalem parce que lu de très bonnes critiques, entendu une bonne émission sur France culture dont l’invité était Alan Moore et parce que comme toi, j’admire le travail de traduction de Claro et souvent les romans qu’il traduit. Je suppose que tu connais son blog Le clavier cannibale. Bon, mais j’avance très lentement dans ma lecture qu’il faudra sans doute que je reprenne à un moment plus libre. Merci pour la découverte de Julie Mehretu.

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  2. Bonjour ! Nous nous sommes rencontrées à Avignon un soir à la terrasse d’une petite trattoria : je ne sais si vous avez été voir la pièce que je venais soutenir (« j’ai pas le temps, je ‘e suis pas comme eux »), mais sachez qu’elle a été nomminée parmi les 10 Coups de cœur de la presse et qu’elle a reçu le prix Tournesol, CATEGORIE  » nos différences « . Nous sommes ravis ! En espérant que la suite de votre festival a continué à vous réjouir, je garde pour ma part un œil sur votre joli blog et vous souhaite un très bel été, Marie-Pierre MACKIEWICZ06 85 02 16 77

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    1. Oh mais quel plaisir! Bonjour Marie-Pierre, notre programme chargé ne nous a pas permis de voir votre pièce, hélas. Je vais garder un oeil sur sa programmation. Félicitations à l’équipe pour le prix! Très cordialement! Martine

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