La Fabrique des Monstres, également intitulée Démesure pour mesure, de Jean-François Peyret entremêle les récits de plusieurs narrateurs:
Mary Shelley, qui inventa l’histoire de Frankenstein en 1816 à l’âge de 19 ans lors d’un séjour près de Genève, les lettres que Robert Walton (navigateur et aventurier du Grand Nord) adresse à sa soeur, les réflexions de Victor Frankenstein qui cherche à percer les secrets de la vie et la construction psychique de sa Créature.
La belle singularité de Jean-François Peyret, c’est de travailler et de jouer à partir de textes littéraires et philosophiques ou de questions scientifiques, tâchant d’imaginer un « théâtre de l’ère scientifique ».(fiche Vidy )
Ecoutez l’introduction au spectacle par Eric Vautrin, dramaturge du théâtre de Vidy.
Le « patchwork » des textes, basé sur différentes traductions, peut égarer le spectateur s’il n’a pas pris la peine de lire l’introduction distribuée au préalable. On peut y voir un écho de ce dont est constituée la Créature du Dr Frankenstein: des fragments rassemblés. De même, le compositeur Daniele Ghisi a mis en place une « machine » musicale à laquelle il a appris à combiner des éléments sonores et qui les interprète d’elle-même.

Une judicieuse scénographie qui, tour à tour, ouvre l’espace et le divise, habille un décor habile et évocateur.
La maestria avec laquelle les quatre comédiens s’emparent du texte est épatante (Jeanne Balibar, Jacques Bonnaffé, Victor Lenoble et Joël Maillard). Une langue aussi riche est un vrai plaisir pour l’oreille. Cependant la représentation dure 150 minutes. Une durée qui peut malheureusement produire, face à ces longs monologues, un certain délitement de l’attention…

Du 23.01 au 4.02 au Théâtre de Vidy, Lausanne.
Cliquez pour lire un entretien avec Jean Clair, historien de l’art et académicien. (Le Monde, 2012)
Entre fascination et répulsion, les monstres hantent l’humanité depuis toujours. Dans la mythologie et les contes, mais aussi dans l’art. En littérature ou en art plastique, la monstruosité provoque le regard et inspire l’imagination des artistes, comme la curiosité des scientifiques.





