Richard III de Thomas Ostermeier § machiavelisme

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© Arno Declair

Le revers d’une figure christique. A force de malversations, de mensonges et de vilénies, le personnage de Richard III n’est-il pas proche d’une proposition aussi humaine dans le mal que celle, dans le bien, d’un christ sanctifié? Se plaçant au-dessus des lois, au-dessus de toute morale, cet homme physiquement difforme décide de jouer de son habileté verbale machiavélique pour influer sur son destin. Il est le mal-aimé? son aspect fait horreur? c’est une injustice et il fera tout pour obliger le monde à reconnaître sa puissance. Peu à peu, les obstacles à son accession au pouvoir sont éliminés ou acquis. Sans état d’âme. De plus, il nous rend complice de ses infamies en nous prenant à témoin! Est-ce pour cela qu’il fascine? Y voyons-nous une facette de notre propre noirceur? Est-il possible d’être la source de tant de forfaits sans ressentir de culpabilité? Le revirement n’arrive jamais, la haine originelle est trop intense. Ce ne sera qu’à la fin, dans l’obscurité de la nuit, que les spectres de ses victimes viendront le hanter.

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© Arno Declair

Pour assouvir sa soif de domination et de vengeance, il prend la décision de devenir un scélérat. Il va devenir la crème des comédiens et mettre lui-même en scène la pièce sanglante que sera sa propre vie. Richard, ce génial acteur, ce maître du langage, va même réussir à convaincre la princesse Anne de l’épouser, lui qui a tué son père et son époux. Et de nous prendre à témoin de ses succès, lui-même stupéfait de son pouvoir, ébahi de la crédulité de ses victimes. Ne sont-elles pas elles-même coupables de se laisser manipuler?

Thomas Ostermeier au sujet de Shakespeare : Par ailleurs, ce qui me plaît, c’est sa façon de mêler les genres: philosophie, divertissement, poésie, farce, humour burlesque, stand-up… La culture noble se télescope avec la culture populaire. Quand on aime faire spectacle, cette matière est d’une richesse passionnante. 

On le voit changer durant la pièce. Lorsqu’il est enfin roi, il cherche à redresser son corps en portant minerve et corset. Accédant au statut royal, il étale sur son visage une pâte blanche qui masque autant qu’elle fige.

Lars Eidinger en Richard III (© Arno Declair- Théâtre de Vidy)

Seule Marguerite (la reine veuve) n’est pas dupe de son jeu pervers, elle a beau avertir l’assemblée, rien n’y fait. On dirait que le monde entier réclame un joug si c’est Richard qui le lui offre.

Soutenu par un batteur punk-rock tonitruant, porté par l’immense comédien Lars Eidinger, exalté par la magistrale mise en scène de Thomas Ostermeier, sans oublier la troupe des neuf excellents comédiens qui l’accompagne, ce Richard III est un classique d’une modernité et d’une richesse époustouflante.

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On nomme machiavelisme une attitude politique qui fait abstraction de la morale, qui valorise une conduite sournoise, violente, ainsi que la manipulation d’autrui. Nicolas Machiavel (1469-1527), théoricien, penseur et dramaturge, grand observateur de la pratique du pouvoir, a préconisé de séparer la politique de la morale. Pour en savoir plus sur ses principes politiques dans son ouvrage « Le Prince », cliquer ici.

© Arno Declair

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