Wolfgang Tillmans est un artiste plasticien et photographe allemand. Il a étudié l’art au Royaume Unis.
A l’âge de 18 ans, à Los Angeles, il découvre un film sur l’activisme de l’artiste David Wojnarowicz (photos, collages, performances) lors de la crise du sida. Une expérience marquante pour sa carrière.
Il est connu pour avoir refusé de vendre ses photos au publicitaire Charles Saatchi et réalisé une série de photographies pour le journal The Big Issue vendu à la criée par des SDF. Bien qu’ayant vécu vingt ans à Londres, il est le premier artiste non britannique et photographe lauréat du prestigieux Turner Prize en 2000. Il contribue aussi au magazine i-D , un journal de mode de rue, musique et art qui a été lancé dans les années 80 à l’issue du mouvement Punk.
Les photos ci-dessus sont des vues de l’exposition de la Tate Modern de Londres.
Engagé activement contre le Brexit, Wolfgang Tillmans ne renie pas ses vues politiques. Par le côté documentaire de son travail…
J’espère que je présente les choses de façon non sexiste, non raciste, non xénophobe, avec un point de vue opposé à l’extrême droite. WT
…mais aussi par sa résistance aux stéréotypes et à une esthétique séduisante et calibrée.

En 2006, il crée à Londres un lieu d’exposition alternatif non commercial, Between Bridges où il expose de jeunes artistes. Il y a monté son projet Playback Room, une salle consacrée à la revalorisation de la musique.

Wolfgang Tillmans se revendique de la Pop Culture et a, par exemple, signé la pochette du disque du rappeur Frank Ocean après son coming out remarqué dans ce milieu plutôt hétéro.

Les cultures sont définies par l’art et par leur production culturelle. Et, à la fin, la seule chose qui reste d’une civilisation est l’art… Il compte donc. WT
Le style de Wolfgang Tillmans a bousculé le monde de l’art photographique dès les années 90. Ses expositions sont composées d’abstractions comme de portraits, de natures mortes, de travaux à même le papier photo, d’articles de journaux, de photocopies, etc. qu’il punaise au mur ou présente en vrac sur des tables dans les formats les plus variés. Il change constamment d’appareil et d’impression, allant de la simple photocopie au tirage grand format luxueux. Ce n’est pourtant pas la photographie au sens classique qui occupe le premier plan de l’œuvre de Tillmans, mais la création d’images.

Du 28 mai au 1 octobre 2017, la Fondation Beyeler à Bâle expose plus de 200 travaux de Wolfgang Tillmans de 1989 à 2017.
Wolfgang Tillmans est aussi DJ, musicien et producteur : interview musique
Maintenant, je ressens le même engagement politique et un besoin similaire de s’exprimer, mais ce n’est malheureusement pas sur un mode euphorique, utopique ou optimiste, mais plutôt avec une attitude défensive. J’essaie de défendre ce que j’avais réussi à exprimer, à défendre une certaine légèreté. WT
Alors, bien sûr, comme je viens de terminer le troisième volet du Vernon Subutex de Virginie Despentes, je vois un lien évident entre ces deux oeuvres contemporaines si éloquentes au sujet de notre société actuelle. Et d’ailleurs, comme Vernon, Tillmans ne dit-il pas qu’il « aime avoir toute la musique nécessaire à mes DJ sets sur une seule petite clé USB »?
Lisez vite la trilogie avant qu’elle ne devienne série télévisée!
Outre son talent littéraire fabuleux, Virginie Despentes décrit dans ces trois ouvrages, comme Wolfgang Tillmans le fait avec nombre de ses portraits, une génération désabusée qui cherche des repères dans un monde en pleine capilotade. Son regard, branché en direct sur le monde, examine les personnages et leurs actes sans les juger, avec ce qu’il faut d’empathie et de distance.
J’espère que les suivants auront plus de créativité et d’enthousiasme que nous pour inventer des vies nouvelles. Parce que c’est comme ça qu’on gagne, pas en étant contre… Il faut résister, c’est important. Mais ce dont on a le plus besoin, c’est de croire qu’on peut faire autrement. VD Interview Virginie Despentes
Les trois Vernon Subutex sont à classer dans la catégorie du roman social, au côté de La Comédie Humaine de Balzac. La dépression française y est décrite avec un réalisme cru, contemplée par Vernon et sa passivité fataliste. Se suivant à la manière d’une série, les chapitres passent d’un personnage à l’autre, tous passionnants, et tricotent une histoire collée au réel aussi addictive que les mixages audio de Vernon. Les personnages se retrouvent dans les « convergences », sortes de raves chamaniques, une nouvelle forme de liaison entre humains, autre que la religion ou la famille. Ce n’est pas tant une perspective d’existence qu’il leur (nous?) faut trouver, mais plutôt une sorte d’harmonie inatteignable dans le quotidien habituel. A lire absolument!

Bravo ! Passionnant article. Je fus si rebutée par mes lectures des premiers livres de Despentes, que je freine à ceux ci mais j’ai tort et je le sais…:D
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Tiens! il faudra qu’on en parle à l’occasion. Biennale de Lyon peut-être? Bon retour dans tes pénates!
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J’ai découvert Tillmans en même que le Palais de Tokyo, en 2002. J’avais été marquée par la scénographie, une multitude de photos collées (ou agrafées, je ne me souviens pas) sur le mur courbé de la grande salle. Je crois que ce jour là je découvrais et m’accrochais à l’art contemporain, alors forcément, on n’oublie pas.
J’en avais depuis quelques temps l’intention, lire Vernon Subutex, je crois qu’après ton article je ne peux pas y échapper.
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Tu as beaucoup d’avance! J’ai découvert Tillmans il y a seulement quelques semaines à Londres. Epoustouflée. C’est en lisant Subutex 3 que ses images se sont tout naturellement imposées. Sans parler de son attrait pour la musique.
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Ah tu me tentes, y a-t-il nécessité de commencer par le tome 1 ou peut-on aller directement au 3 ? (j’ai tellement de lectures en retard que je ne suis pas certaine de pouvoir lire les trois avant un certain (long) temps)
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