
Six comédiens, un plateau mobile de 1600 kilos, des spectateurs, un voyage en humanité…
Cirque, théâtre ou danse? L’originalité absolue de ce spectacle le rend inclassable. Ce plateau, immense et précaire, qui penche, tourne et balance, évoque immédiatement l’image et la sensation enfantine et viscérale de nos carrousels, balançoires et autres toboggans. Celles du plaisir et de la peur que l’on a éprouvé nous-même ou en jouant avec nos propres enfants. D’ailleurs les rires et cris de joie des jeunes spectateurs y ont fait écho.
« Celui qui tombe », comme un jeu d’enfant qui induit un jeu de grand…gagnant? perdant? non, juste participant.
L’aspect ludique de cette performance n’efface cependant pas celui de son esthétique. Voir les corps bouger en cherchant ce point d’équilibre, vaciller, glisser, se suspendre. Un sommet de grâce est atteint lors de leur combat avec (et non pas contre) la force centrifuge du plateau. D’y penser me donne envie de le revoir.
Pourtant, le plaisir et la beauté du spectacle ne sont pas suffisants, la Compagnie Yoann Bourgeois y ajoute du sens. Cette plate-forme oscillante, brinquebalante, remuante, instable, n’est-elle pas à l’image de nos vies, de notre terre, de nos relations humaines, de notre place dans la société? Ne doit-on pas, nous aussi, à l’image de ces acrobates, trouver le point de suspension? Percevoir le socle sur lequel nous pourrions nous appuyer, nous reposer? Prendre conscience d’une indispensable solidarité? Cesser de se croire le centre du monde? Réaliser la fugacité de notre existence?

Voilà pour la philosophie de ce spectacle, il n’en reste pas moins que l’émotion aussi y tient un rôle important. Le paroxysme étant atteint lors de cette « déposition » du corps inanimé d’une comédienne, composée avec un soin d’une admirable délicatesse.
Pas besoin, ni envie d’en dire plus, loin des mots découvrez et ressentez… Pour un avant-goût, allez donc voir le site de la compagnie Yoann Bourgeois et si vous croisez une affiche annonçant un de ses spectacles, courez acheter des billets pour toute la famille!
En savoir plus, dossier de presse du théâtre de Vidy.
Le site Art Plastoc a publié un article très fourni et illustré sur la chute des corps et des objets dans l’art des XXe et XXIe siècles. A voir en cliquant ici.

Yves Klein écrit dans son journal, « Un homme dans l’espace. Le peintre de l’espace se jette dans le vide ! (… Pour peindre l’espace, je dois me rendre sur place, dans cet espace même ». Après deux sauts réels où l’artiste se blesse, il opte pour un photomontage (Harry Shunk et John Kender) où ses amis judokas, tendant une bâche pour ses multiples sauts, ont été remplacés par la photo de la rue vide. (tiré de artplastoc.blogspot.ch, lien ci-dessus)
Dommage – tu écris bien sur ce spectacle ! qui m’a laissé froid quand il passait à GRE…. Je n’ai pas trouvé ma place dans cette instabilité…
J’aimeJ’aime
Oh! ben voilà, on est tous différents, acceptons-le. Le théâtre c’est la vie!
J’aimeJ’aime
quelle philosophe !! Chetadoore !
J’aimeAimé par 1 personne
Ouaip ! je like ! 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Trouver son point de suspension dans le monde comme sur ce plateau… A priori, j’adore le concept 🙂
J’aimeJ’aime
Oui, un spectacle complet qui régale autant l’intellect que l’oeil!
J’aimeAimé par 1 personne
Je vais le pister pour voir s’il passe par chez nous 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Joli spectacle que j’avais découvert au Théâtre de la Ville à la saison dernière… Parfois hypnotisée, parfois un peu en dehors du spectacle, j’avais été complètement conquise par la séquence sur My Way ! et très sympa le parallèle avec la photographie d’Yves Klein !
J’aimeAimé par 1 personne