Le In est terminé et nous arrivons pour la dernière semaine du Off. Autant dire que certaines compagnies ont déjà plié bagages, comme « C’est (un peu) compliqué d’être l’origine du monde » ou « Démons », deux spectacles qui m’étaient chaudement recommandés. Mais sur les plus de 1400 représentations, nous avons trouvé notre bonheur. Après une année entière d’avant-garde et de découvertes fascinantes au théâtre de Vidy, assister à quelques classiques nous a réjoui. Deux mots sur les quinze pièces auxquelles nous avons assisté, dont certaines seront présentées à nouveau l’an prochain… et peut-être seront-elles programmées dans votre région?
Une mise en scène des amours de Verlaine et Rimbaud qui ne m’a pas emballée malgré quelques belles envolées. Trop de vociférations…se chausser puis déchausser et rechausser… surcharge symbolique ou remplissage scénique?…et dommage de ne pas l’avoir enrichie de citations de ces deux parangons de la poésie.
Découverte pour moi de cette pièce de Bertolt Brecht. Une troupe de douze comédiens qui habite la scène avec beaucoup d’allant et de bonnes idées de mise en scène. L’histoire, dans un Kolkhose, d’une servante qui se charge de l’enfant du gouverneur déchu et assassiné.
Très bonne pioche que ce spectacle! Un duo d’acteurs réussi pour le récit de l’abus sexuel d’une jeune fille « limitée » qui ne sait pas qu’elle peut dire non et ne cherche qu’à être aimée. Dans la salle d’attente du procès, le dialogue s’installe entre la jeune fille naïve et le profiteur qui a manipulé ses sentiments. Chacun dans son genre, les deux comédiens incarnent leur personnage avec brio, l’une découvrant ses droits grâce au psy, l’autre truquant les siens à son avantage.
Sit Ozfars Wysr, une comédie musicale issue de la fascination de la population de l’improbable pays du Fryzngàrd, coupé du monde, pour le film musical « Le Magicien d’Oz ». Inventif et drôle, ce spectacle nécessite de s’ouvrir au lyrisme et à l’absurde. La partition originale de Mike Solomon crée le lien musical avec cet univers onirique et fou. Une légende est née!
« Une vie sur mesure » ou comment la batterie fait battre le coeur d’Adrien… Cédric Chapuis, seul en scène, raconte aux spectateurs le périple bouleversant et drôle d’un enfant autiste virtuose pour accéder à sa passion. Un regard plein de finesse et d’humanité sur la différence. Extraordinaire!
Ariane Ascaride raconte son enfance et sa vie inextricablement mêlée au théâtre. Un joli texte de Marie Desplechin taillé sur mesure. Sans plus.
Un plaisir de voir et revoir cette pièce adaptée de l’unique roman du grand Oscar Wilde. Un théâtre classique qui fait mouche grâce à des comédiens de grande classe.
Succès de la troupe des Epis Noirs depuis quinze ans, Flon Flon est rejoué pour leur 25 ans d’existence. Une comédie jubilatoire et burlesque sur le thème de la création du monde (et du couple?). Une énergie à tout casser!
Seul en scène réjouissant par Michaël Hirsch avec cette question éternelle et récurrente : Pourquoi? Du jeune enfant accroché à la main de son père, au vieillard soutenu par un point d’interrogation, en passant par l’adolescent en quête de sens, l’impertinence de ses jeux de mots nous convie à déguster son regard hilarant sur nos pourquoi quotidiens.
pdf Dom Juan 2.0, le coup de coeur de ce off! Déjantée et ébouriffante, la mise en scène de cette pièce de Molière est réussie à cent pour cent. Virtuosité des comédiens, sobriété des décors, inventivité débridée, cette tragi-comédie façon Commedia dell arte transporte aussi bien en 1665 qu’en 2016. Ce renégat de Dom Juan reste intemporel et Sganarelle est époustouflant! La pièce, censée être en répétition, devient l’occasion de péripéties renouvelées et s’enrichit des controverses internes de la troupe. Savoureux!
La belle affiche de « Preuve d’amour » annonce un drame passionnel sud américain. Cette pièce, adaptée de l’auteur argentin Roberto Arlt, parle d’amour, de confiance et d’argent. Le tango illustre à merveille le tempérament et les revirements du couple qui hésite à s’engager. Le surprenant final laisse à penser que la preuve d’amour n’est pas la même pour chacun…De belles idées scéniques, mais des comédiens peut-être un peu froids pour l’ambiance torride argentine.
Shakespeare, l’incontournable, l’indispensable! L’une de ses premières pièces Comme il vous plaira revue par les jeunes comédiens de la compagnie Chariot de Thespis. « Le monde entier est un théâtre, et tout le monde, hommes et femmes y sont acteurs ». Tout y est dans cette pièce datant de 1600 environ, les trahisons, la sensualité, l’humour et les quiproquos, les travestis et l’espièglerie, la forêt où l’on batifole et la condition féminine de l’époque! Décidément, j’adore la Commedia dell arte… et les comédies de Shakespeare!
Un inspecteur du gouvernement annoncé? branle-bas-de-combat! Toute la commune est sens dessus dessous! Satire du pouvoir russe, dénonciation de la corruption. En 1836, il semble que, là-bas, l’humour ait été mieux accepté hier qu’aujourd’hui…Coup de chapeau au marionnettiste qui joue de son corps et de celui de l’ersatz du Revizor, un mannequin grandeur nature. Et au maquillage des pantins que nous sommes tous…
Second coup de coeur de ce Off 2016, un duo d’amour entre une artiste peintre et un neurologue. Une pièce contemporaine qui parle d’amour, de mensonges, d’amnésie. Les deux comédiens incarnent leur personnage avec tant de perfection que, oui, mes yeux ont pris l’eau. Une histoire de couple émouvante, mais pas du tout mièvre, que l’on vit jusqu’à la fin sans une seconde d’ennui.
Danse contemporaine pour terminer. Danseurs, chanteuse et musicien posent la question de l’équilibre à trouver dans la recherche de son identité. Accompagnés par un multi-musicien et une chanteuse-danseuse, l’homme et la femme, le noir et la blanche s’entremêlent, s’arrachent et s’harmonisent dans ce spectacle nommé prix de danse du public 2016.
eh bien, tu as fait le plein ! 😉
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Oui, pour le théâtre, c’est carrément de l’avidité!
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Je vais très rarement au théâtre, je rêverais pourtant d’aller au festival d’Avignon, et ce depuis que j’ai vu le film de Diastème, Le bruit des gens autour. Il me reste fortement l’empreinte d’une ambiance dans la tête, une envie… Quelle chance vous avez eu de voir toutes ces spectacles…
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C’est vrai, une immense chance aussi de partager cette passion avec mon compagnon!
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Merci pour ce beau compte rendu de vacances culturelles qui font rêver
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Super – merci de ce tour de piste. J’ai parlé encore vendredi dernier avec des amis qui étaient enthousiastes de ce « In » – et j’espère pouvoir y aller une de ces années… Le Brecht est une des pièces qu’on faisait lire dès la 4e/3e en cours d’allemands chez moi (à Düsseldorf) ….Le Dom Juan 2.0 m’intrigue….. A GRE on aura le Dom Juan 1:0 dans une mise en scène de Sivadier en janvier 2017…
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Le théâtre me semble être une réponse efficace à beaucoup de questions existentielles. Et comme le dit Thomas Jolly dans une interview (https://theatoile.wordpress.com/2016/08/02/thomas-jolly-le-theatre-est-un-art-mais-il-est-aussi-et-a-toujours-ete-un-outil/),pour faire circuler la pensée, il est un outil inestimable qui rassemble et raconte. Qui n’aime pas les histoires? Pas nous, hein Bernhard!
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Yep !
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Je n’ai vu aucune de ces pièces ! Mais c’est vrai qu’il y en a tant. Moi j’y étais juste la semaine d’avant.
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Dire qu’on aurait pu s’y croiser sans se reconnaître…
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Tout à fait, c’est une idée amusante. Je suis une accro du festival et j’y vais maintenant tous les ans.
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