Yoko Ono (1933) § Imagine Peace Tower

yoko_ono_couv-726x400

« L’artiste inconnue la plus célèbre du monde » sera-t-elle enfin REconnue en Europe avec sa première rétrospective en France « Lumière de l’Aube » au MAC de Lyon? Jusqu’au 10 juillet 2016.

IMG_2521Yoko Ono (Biographie, biblio, interview, etc) est issue d’une famille privilégiée de Tokyo. Elle prend très jeune des leçons de piano et reçoit une solide formation musicale classique, incluant le chant. En 1945, la mère et ses trois enfants se retirent à Karuizawa pour éviter les bombardements. Ils sont confrontés alors au dénuement sans l’appui du père militaire. Pour se rassurer avec une chose immuable, Yoko regarde le ciel.

A l’âge de dix-huit ans, Yoko Ono est la première femme à intégrer le département de philosophie de l’université de Gakushüin. En 1953, elle suit sa famille à New York et poursuit ses études au Sarah Lawrence College.

A 23 ans, elle épouse un compositeur japonais (Ichiyanagi), puis en 1960 ouvre son loft du 112 Chambers Street qui accueille des performances et des concerts. L’endroit devient rapidement un lieu réputé de l’avant-garde, fréquenté par des artistes et des compositeurs (Max Ernst, Peggy Guggenheim, Marcel Duchamp, John Cage, etc.). Là, les distinctions entre les différentes disciplines de l’art sont brouillées.

yoko1961-1024x996
Portrait de Yoko Ono par Georges Maciunas, 1961

Sa première exposition personnelle a lieu en 1961 à New York. Elle y expose, avec ses tableaux, ses Instructions for Paintings, sortes de haïkus invitant le visiteur à différentes actions.

« La peinture-instruction divise la peinture en deux fonctions différentes: l’instruction et la réalisation.(…)Les instructions peuvent être réalisées par de nombreuses personnes de façon très différentes. » YO

IMG_2523
Yoko Ono, « Painting for the Wind », 1961
Capture d’écran 2016-06-08 à 15.13.12
Cartel de l’exposition de Lyon 2016.

IMG_2533En 1962, Yoko Ono retourne au Japon, y expose et épouse Tony Cox dont elle a une fille, Kyoko. Son livre « Grapefruit » est publié en 1964. Il est le recueil de ses Instructions Paintings : « OEUVRE CHIFFRE 1. Comptez tous les mots du livre/ plutôt que de les lire. »

Elle crée « Cut Piece » à Kyoto en 1964 (dix ans avant Rythm Zero de Marina Abramovic). La vidéo ci-dessous la montre courageusement exposée aux ciseaux des visiteurs, à leur brutalité ou leur moquerie. Un manifeste féministe, comme la vidéo d’une mouche se baladant sur un corps de femme (« Fly », 1971). Elle réalise une soixantaine de films jusqu’en 1972.

Un lien pour visionner un extrait de Cut Piece

Malgré le soutien de ses membres et son évidente influence sur le mouvement, Yoko Ono ne se revendique pas de Fluxus, qui émerge à ce moment-là. Elle est rebelle à toutes formes de règles et d’institutionnalisation de son art.

ono+-+rear
Yoko Ono et A. Cox filment « No 4, Bottoms », 1967, plans serrés sur les fesses de 365 personnes qui marchent et bande sonore.

1966, elle s’installe à Londres avec sa fille et son mari. A l’automne, elle rencontre John Lennon la veille du vernissage de son exposition « Unfinished Paintings andObjects by Yoko Ono ». Leur faces rebelles se reconnaissent, dit-elle.

Yoko Ono trouve difficilement sa place entre les artistes de l’avant-garde méfiants et ceux qui entourent John, la pop star. Elle sera rendue responsable de la séparation des Beatles alors que, ce qui fut un lent processus, découle de multiples raisons. Le groupe se sépare durant 18 mois en 1974.

L’exposition passionnante du MAC Lyon présente enfin le travail étonnant et admirable de Yoko Ono, personnage public et artiste précurseure. Aucun doute de son talent, ni de son inlassable message de paix et de sa poésie douce-amère. Les visiteurs, invités à participer à plusieurs activités, peuvent suivre les instructions de l’artiste en jouant aux échecs (toutes les pièces blanches, on doit se faire confiance!), en montant aux échelles pour se rapprocher du ciel, en plantant un clou (réel ou…imaginaire, comme l’a proposé Lennon?) dans une salle, inscrivant un souvenir de violence, recollant des morceaux de vaisselle, étiquettant un voeux (« Wish Trees »), etc. Dossier de presse du macLYON

Jusqu’au 1er septembre à la Tate Modern, Londres

Yoko Ono, Music of the Mind

Je m’aperçois, en lisant sa biographie, que Yoko Ono a vécu une expérience tragique similaire à la Julieta du dernier film de Pedro Almodovar. En effet, après son divorce d’avec Anthony Cox, la garde de leur fille Kyoko lui est attribuée, mais le père enlève la fillette alors âgée de 8 ans. Malgré leurs efforts, John et Yoko ne les retrouvent pas. Ce n’est qu’en 1997 que Kyoko Chan Cox, embarquée dans une secte, mère à son tour, décide de reprendre contact avec sa mère!En savoir plus ici

photo_kyoko_69
John, Julian, Kyoko, Yoko. 1969.

En 2007, Yoko Ono inaugure la Imagine Peace Tower en hommage à John Lennon. Elle se situe sur une île islandaise et s’illumine entre le 9 octobre et le 8 décembre de chaque année (naissance et mort de John). Sur le monument est gravée en 24 langues la phrase : « Imaginez la paix ». Dessous, sont enterrés les voeux de plus de 500000 personnes dans le monde, écrits lors du projet « Wish trees » auquel on peut participer à Lyon. La tour est alimentée par la géothermie de l’île, Yoko Ono ayant choisi l’Islande pour ses principes écologiques. La lumière pour tenter de changer le monde…

12 réflexions sur “Yoko Ono (1933) § Imagine Peace Tower

  1. Un fascinant parcours de femme et d’artiste, une rétrospective qui donne envie de s’arrêter à Lyon pour s’immerger dans la poésie de cet univers singulier …

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire