Elisabeth Llach (1970) § Féminité

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Elizabeth Llach, Alles wird Gut 4, 2009

Née en Suisse (Neuchâtel) d’une mère allemande et d’un père catalan, Elisabeth Llach (prononcez yak) est une artiste plasticienne formée à l’ECAL (Ecole Cantonale d’Art de Lausanne) dont elle sort diplômée en 1995.

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Elisabeth Llach, « Ne t’inquiète pas » #216, 2009. Courtesy de l’artiste et galerie Les Filles du Calvaire, Paris

S’inspirant des images lisses des magazines, de photographies trouvées sur internet ou de reproductions d’art, Elisabeth Llach invente un monde féminin et animal à la fois, entre séduction et répulsion, porté par une technique virtuose du dessin et de la peinture. Ses oeuvres saisissantes évoquent des portraits de femmes dominantes et vulnérables, élégantes et tourmentées, cruelles et torturées. Un travail à double sens que l’on retrouve dans les titres de ses séries comme « Ne t’inquiète pas » ou « Tout ira bien » qui suggèrent qu’une menace diffuse règne aux alentours.

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Elisabeth Llach, « Ne t’inquiète pas », 2007. Acrylique sur papier, 24 x 19 cm.

 

Elisabeth Llach sur son travail durant ses deux mois de résidence d’artiste à Vienne.

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Elisabeth Llach, sans titre, série « Ne t’inquiète pas », 2007-2008

IMG_1951L’exposition du petit mais admirable Musée d’Art Contemporain d’Yverdon (CACY ) dévoile un peu plus de l’univers fascinant de cette artiste repérée aux « Accrochages Vaud » de Lausanne et dont elle est lauréate du prix du jury en 2009. A voir jusqu’au 29 mai 2016.

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Elisabeth Llach, « Totchic 1 », 2015 (acrylique sur toile) et série de capes noires de 1890-1910 (pièces du Mumode).

L’installation spatiale que propose l’artiste est composée de ses acryliques sur toiles, papiers ou assiettes, de ses dessins et collages, ainsi que d’assemblages de pièces de vêtements prêtés par le Musée suisse de la mode. Les murs meringués de tissu offrent un écrin de douceur aux créatures théâtrales qui leur sont accrochées, tandis qu’un éclairage nuancé ajoute à l’ambiance mystérieuse.

IMG_1957L’ensemble est d’une cohérence absolue. Sculptures des matières textiles, grandes acryliques sur toiles, petits dessins au crayon, le travail d’Elisabeth Llach est, comme elle le dit elle-même, « …comme la vie, mêlé d’horreur et de beauté ». Une troublante et forte originalité qui n’empêche pas que le parcours semble hanté par Bacon, Dürer, Goya ou Bosch.

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Elisabeth Llach, série « Et jamais ne revient », 2012-2016, dessins

Le titre de l’exposition, TOTCHIC, provient d’une expression allemande tod chic, soit « chic à mort » ou « Quelle classe! ». L’élégance macabre de certaines figures conviennent totalement à ce titre.

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Elisabeth Llach, « Stillleben 4 », 2014

Entretien radiophonique avec Elisabeth Llach : cliquer ici

La Femme est au centre du travail d’Elisabeth Llach. Elle interroge sa représentation ou la possibilité de ses représentations. Ce qui n’est pas loin de la femme en représentation que nous pouvons être en société…

Etre féminine est une acquisition socioculturelle. Le féminisme, lui, est un fait qui relève de l’Histoire. Comment définir la féminité, cette idée, ce terme général, pour la multitude des personnalités humaines? D’autant que les critères présupposés de la féminités ne sont pas exclusivement réservés aux femmes!

Après les artistes (le plus souvent masculins), dont les oeuvres ont incarné une image de la féminité propre à leur époque, les magazines et la publicité en reproduisent des versions stéréotypées dont le carcan étouffant touche tous les niveaux de la population.

    • 1960’s : La ménagère. Une femme n’est accomplie que dans sa maison. La fierté de la femme s’exprime par la propreté de son logis.
    • 1970’s : La militante. Avec la libération de la femme en mai 68, dorénavant elle se bat pour disposer de son corps et avoir des droits.
    • 1980’s : La superwoman : la femme ayant obtenu ses droits, veut montrer ses compétences professionnelles et sa capacité à être sur tous les fronts.
    • 1990’s : Recherche d’équilibre. Les femmes aspirent moins à être les premières partout, elles aspirent plutôt à un équilibre viable.
    • 2000’s : La femme sexy et féminine. C’est à partir de ces années là, que l’on réussi à banaliser la sexualité et la violence dans les pubs. La femme est souvent montrée dénudée et glamour.
      Source : cliquer ici

Et ça continue! D’ailleurs cette émission de Culturepub réalisée en 2009 semble déjà obsolète : cliquer ici

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Hans Baldung, « Les trois âges de la femme », 1510.

L’histoire des âges de la Femme, depuis Eve, la première femme à avoir osé, a passé par de multiples  phases. Elisabeth Llach en les triturant, combinant, fusionnant, en propose une synthèse mélancolique, sarcastique et esthétique qui taquine et interroge avec finesse.

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ELISABETH LLACH – « Alles wird gut », editions Sang Bleu, Lausanne. L’artiste est représentée par Katz contemporary.

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