« Villa Dolorosa » de Guillaume Béguin § Revenu de base inconditionnel

Villa Dolorosa
VILLA DOLOROSA , trois anniversaires qui tournent mal,  de Rebekka Kricheldorf, Mise en scène Guillaume Béguin. Photo : Samuel Rubio

Irina fête ses vingt-huit ans. Puis ses vingt-neuf ans. Puis ses trente ans. Année après année, rien ne change, sa fête d’anniversaire est invariablement ratée, la musique manque et le sentiment d’inutilité croît. Irina voudrait travailler, trouver sa voie, se sortir de l’oisiveté. Comme ses sœurs, Olga et Macha, elle éprouve un ennui face à la vie qui l’immobilise. Leur frère Andreï est un écrivain raté, balloté entre sa femme Janine, sorte de godiche plus qu’encombrante, et son ami Georg, âme morte, dont la femme tente de se suicider aussi souvent qu’Irina se plaint. Tout ce petit monde parle beaucoup. Et vit peu. (Dossier de presse, théâtre de Vidy )

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Le texte de Villa Dolorosa est une relecture contemporaine de la pièce « Les Trois Soeurs » de Anton Tchekhov.
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 Cette comédie douce-amère et toutefois hilarante emmène son public, au fil de trois années, dans le monde figé et répétitif de cette famille d’intellectuels désabusés. Leurs parents décédés (« des snobs cultureux ») leur ont légué, outre leur logement, un accès précoce à la culture, trop précoce selon Irina (fabuleuse Tiphanie Bovay- Clameth,  Zouc en puissance), étudiante perpétuelle, qui ne se tient jamais loin de son lit-cage, lieu de ses hésitations, lectures et lasses réflexions. Macha a épousé Martin, enseignant invisible et insignifiant. Elle pense trouver une raison d’être lorsqu’elle travaillera. Olga, elle aussi enseignante, se dévoue pour subvenir aux besoins de la maisonnée tout en se plaignant de ses collègues et élèves ignorants et bêtes. Andreï, mou et naïf, occupé à l’écriture de son roman, s’immobilise d’autant plus qu’il fonde une famille et en laisse la guidance à sa femme, irascible et gémissante à la fois. Son ami Georg, seul lien que la famille semble entretenir avec le monde extérieur (il apporte un arbre à chacune de ses apparitions), est un irrépressible  conciliant qui oublie sa propre vie et, malgré quelques pulsions amoureuses, vole au secours de son épouse suicidaire au moindre signe (signe que d’ailleurs il escompte).
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Dans un décor sobre et acidulé, ces personnages se débattent entre l’univers de leur éducation lettrée et celui de leur maturité qui peine à trouver une forme réaliste. A coups de discours enflammés, leurs positions factuelles restent percluses dans un immobilisme décrit avec beaucoup d’humour. C’est l’autodérision dont ils font preuve qui leur permet de surmonter un spleen récurrent. Le texte de Rebecca Kricheldorf, ciselé par sa plume virtuose, entraîne aisément un public conquis dans cet intellectualisme en déroute.
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Henri Matisse, « Les Trois Soeurs », 1917, musée de l’Orangerie.
 Parler plutôt qu’agir. Les travailleurs ne sont-ils pas plus heureux que les oisifs? Eux qui savent pourquoi ils se lèvent chaque matin… La brillante et hargneuse rhétorique des trois soeurs parait les engluer dans leur immobilisme. Faut-il travailler pour être capable de profiter pleinement de la vie? L’ennui est-il l’inévitable conséquence d’une vie exempte de contrainte? J’en doute…Nos véritables aspirations ne se révèleraient-elles pas si nous bénéficiions de plus de temps libre?
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 Le 5 juin 2016, le peuple suisse va devoir se prononcer sur le principe du revenu de base inconditionnel. Cette initiative fédérale, si elle est acceptée, remplacera les prestations sociales actuelles jusqu’à hauteur de son montant. Elle sera versée individuellement et non par foyer, ce qui permettra aux personnes qui s’occupent du ménage et des enfants d’être rémunérées. Dans une économie qui ne peut plus garantir le plein emploi, elle est une solution à l’éradication de la pauvreté et favorisera les métiers peu rémunérés.
 Le montant de ce revenu n’est pas encore fixé. Ce choix sera fait ultérieurement.
 Toutes les réponses à vos questions sur le site http://rbi-oui.ch/ ou celui de l’initiative http://bien.ch/fr/page/initiative-federale.
 motivation
Et l’initiative à échoué…… le peuple l’a rejetée à 76,9 % des voix. Pas prêts…

5 réflexions sur “« Villa Dolorosa » de Guillaume Béguin § Revenu de base inconditionnel

    1. C’est une initiative qui a reçu plus de 50000 signature et que nous allons devoir accepter ou refuser lors de la votation du mois de juin prochain. Il ne reste plus qu’à espérer et à partager avec le plus de monde possible.

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  1. Encore un lien très intéressant que tu nous proposes : de Tchekov au revenu universel… Personnellement, j’adhère à cette idée qui attache les droits à la personne et non au travail et qui de ce fait, pourrait à terme déculpabiliser l’homme de ne pas trouver ce qui se fait de plus en plus rare : un travail 🙂

    J’aime

    1. Absolument. De plus la créativité de chacun redeviendrait une valeur importante. « Interrogées par sondage, 60% des personnes ont répondu qu’avec un revenu de base elles travailleraient autant que maintenant, 30% qu’elles continueraient à travailler,mais en
      baissant leur taux d’activité ou en changeant d’activité, et seules 10
      % ont répondu qu’elles profiteraient d’abord de ne rien faire et verraient ensuite »(source bien.ch)

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