Biennale de Lyon 2015 § Vie moderne

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Une petite virée à la Biennale de Lyon (jusqu’au 3 janvier 2016) sous un ciel bleu magnifique et amicalement accompagnée s’imposait! Occasion rêvée pour rencontrer La Livrophage, talentueuse chroniqueuse littéraire sur le web, avec laquelle nous sympathisions déjà via nos blogs respectifs. Lumineuse personne pour une journée qui le fut tout autant!

L’exposition de la Sucrière, intitulée « La vie moderne », accueille 34 artistes dont une moitié des oeuvres ne m’a guère touchée. De l’autre moitié, le talent de quelques-uns émerge et la puissance de leur travail semble évidente.

Céleste Boursier-Mougenot (1961), l’artiste plasticien qui a représenté la France à la Biennale de Venise 2015, présente ici une autre de ses « forme sonore vivante » avec Aura, une batterie sans batteur, oeuvre datant de 2013 qu’il a modifiée. Les gouttes d’eau qui produisaient le son ont été remplacées par des noyaux de cerises qui frappent les tambours, la chute de ces noyaux étant provoquée par l’aura électromagnétique aléatoire des visiteurs possédant des téléphones portables. L’oeuvre est évolutive puisque la quantité de noyaux augmente tout au long de l’exposition. L’espace et les sons qui nous entourent sont au coeur du travail de cet artiste

Kader Attia (1970), fidèle à son concept de la réparation non cachée, raccommode le sol bétonné de la Sucrière avec des agrafes (Réparation traditionnelle, blessure immatérielle) et installe un open-space (Réparer l’irréparable) de 18 vidéos explorant la maladie psychiatrique telle qu’elle est perçue par les sociétés occidentales et orientales, où modernisme et traditions se confrontent, dans des interviews de psychiatre, de griots, d’ethnologues et de guérisseurs, etc. Ses oxymores de la raison posent la question du rationalisme face à l’identité culturelle.

Tatiana Trouvé (1968) découpe l’espace du troisième étage avec des structures métalliques à la Mondrian qui encadrent ses dessins, des projets d’essence architecturale, énigmatiques et organisés avec soin. Ce qu’elle nomme son bureau d’activités implicites conserve et archive les traces de son travail.

La Sucrière est un lieu d’exposition idéal. L’étage investi par Tatiana Trouvé m’a paru le plus percutant. La difficulté de s’imprégner véritablement d’une oeuvre est le propre des biennales où l’on muse en grapillant de-ci de-là. Décidément je préfère visiter une expo consacrée à un seul artiste. Il faut bien cependant mettre en lumière une production hétérogène et considérable!

Au MAC Lyon, exactement le même nombre d’artistes qu’à la Sucrière, mais des oeuvres qui m’ont paru d’une esthétique plus abordables.

Johannes Kahrs (1965) propose des portraits d’une intense expressivité tirés d’images de presse. Il y représente des personnalités médiatiques en situation d’extrême tension. Des images qui semblent plus proches de la véritable identité des sujets que celles de la presse.

Mon coup de coeur! Le travail d’Emanuelle Lainé qui aménage une surface avec différents éléments dont des déchets, ajoutant au côté imparfait à la mise en scène, puis reproduit des parties du décor à l’échelle en photographie sur les murs. Un effet de miroir plutôt vertigineux s’empare du visiteur incrédule hésitant entre 2 et 3 dimensions.

Une peinture de Thomas Eggerer (1963) qui attire le regard et invite à se perdre dans une immensité bleue occupée par d’anonymes personnages. Du réalisme à la limite de l’abstraction.

Edward Ruscha (1937), artiste américain, est connu pour ses ajouts de mots et phrases dans ses peintures, ainsi que pour ses livres. Rien de cela dans ce qui est montré au MAC, mais de superbes « natures mortes » contemporaines à souhait des séries Psycho Spaghetti Western et Gators.

Lucy Stahl (1977) photographie la banalité et lui procure une inquiétante étrangeté.

Un véritable plaisir de déambuler dans ce lieu d’exposition, surtout lors d’une journée dépeuplée…

La 13e Biennale de Lyon s’intitule « La vie moderne « . Ralph Rugoff, commissaire de l’exposition, a choisi l’ambiguïté de ce titre : le mot moderne qualifie ce qui est nouveau et appartient au temps présent, mais évoque simultanément un âge passé. Dans les différentes régions du monde, la modernité est inégale, contradictoire, originale. Elle est le « résultat et la réponse aux évènements et traditions du passé », contrairement au mot contemporain qui semble être « un présent perpétuel coupé de toute racine ».

Déjà, Charles Baudelaire dans son essai intitulé La modernité (datant de 1863), exhortait les artistes de son époque à reproduire la vérité du présent et non imiter le style des anciens. Il en est de même aujourd’hui et l’art contemporain est l’une des formes de notre modernité.

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3 réflexions sur “Biennale de Lyon 2015 § Vie moderne

  1. Touchant article, car pour moi aussi, ce fut une journée de lumière; je vais peut-être aller au Mac demain, mais là, ça donne vraiment envie ! Les oeuvres effectivement paraissent plus abordables. Et puis ce lundi 7 Décembre, je me dis qu’il faut profiter de ces lieux et de ces expos, profiter et faire en sorte que ça dure, afin que certaines de ces oeuvres, qualifiées par certains « d’art dégénéré » puissent continuer à vivre et à se présenter à nous, à tous
    ( explication dans ce lien de l’origine nauséabonde de cette expression : http://cle.ens-lyon.fr/allemand/art-degenere-et-art-allemand-les-expositions-de-munich-en-1937-50487.kjsp ). En attendant le grand plaisir de se revoir.

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