
Chiharu Shiota est un sculptrice et plasticienne japonaise née à Osaka. Elle vit et travaille à Berlin. Dès 1992, elle étudie à la Kyoto Seika University, puis en Allemagne, où elle arrive en 1993. Elle s’inscrit à l’Université d’Art de Braunschweig et à Hambourg dans les ateliers de Marina Abramovic et de Rebecca Horn, puis à celle de Berlin. Elle travaille des performances liées aux oeuvres féminines des années 70, celles qui engagent le corps de l’artiste et son rapport au monde.

« J’ai commencé par la peinture. Ensuite, j’ai voulu peindre l’air en trois dimensions, avec du fil noir de préférence comme un trait de crayon »précise-t-elle. C’est depuis le milieu des années 90 qu’elle installe des fils entrelacés qui deviendront la signature de son travail. Un réseau de cordelette qui enveloppe et emprisonne des objets quotidiens. Pour le visiteur, un écran qui les retient et les conserve, comme une mémoire matérielle ou un réseau neuronal. Ainsi elle enveloppe « lumière qui respire »(ampoules palpitantes), pianos, lits ou robes. L’enchevêtrement de ces fils rouges ou noirs est pour elle comme le miroir des sentiments, tissés ensemble, noués, plus ou moins tendus. Le souvenir est un élément central de sa recherche.



Avec « Home of Memory », Chiharu Shota met en scène cinq robes blanches vides, telles des suaires en lévitation, voilées par le réseau impénétrable dont elles sont entourées et qui les redessine.

Chiharu Shiota est présente au pavillon japonais de la 56e Biennale de Venise avec la monumentale installation « The Key in the Hand ». L’endroit est saturé de ce réseau de fils rouges, mais cette fois plus de 50000 clés y sont accrochées. Les clés, au quotidien, protègent et assurent la sécurité personnelle, elles sont les garantes de l’intimité. Deux barques, qui symbolisent deux mains récoltant une pluie de souvenirs ou de mémoires individuelles (représentés par les clés), gisent sur le sol.
A l’extérieur du bâtiment, voir les quatre vidéos émouvantes où de jeunes enfants parlent de leurs souvenirs avant et après leur naissance. Lien entre les individus, les récits de ces enfants ramènent au fondement de la vie.

Cette installation impressionnante est non seulement d’une beauté à couper le souffle, mais aussi emplie de sens et d’âme. Chiharu Shiota nomme cette démarche la « philosophie de l’instant ». Ces clés, collectées partout dans le monde, invitent à une réflexion toute de partage et d’identité commune à l’humanité. Son travail semble tenter de retenir la trace de ses souvenirs dans un filet de protection, une mémoire matérielle et suggestive. Puissant.

Comment fonctionne la mémoire?
Nous disposons de quelques cent milliards de neurones à l’intérieur de notre cerveau, si bien, que c’est par centaines de milliers de milliards de points de rencontre, appelés synapses, qu’est assurée la communication à l’intérieur du cerveau. L’ensemble de notre capital de neurones qui assurera notre fonctionnement mental est donné à la naissance. (Pour en savoir plus Cliquer ici) Un centre de connexion lésé peut créer des séquelles importante sur la mémoire.
La mémoire est identifiable à cinq élément : la fixation, la conservation, le rappel, la reconnaissance, la localisation des souvenirs. Les maladies neurodégénératives touchent l’un ou l’autre de ces éléments.
En psychanalyse, le refoulement ferait croire à l’oubli…
Chiharu Shiota, « Memory of Books », Biennale de Venise 2011.

très bel article ! Bravo !
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je m’en doutais – au vu de la belle photos Venitienne – que tu lui consacrerais un article (un jour)…..
Merci!
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Ouiiii! j’ai adoré. Distéfano suivra….merci pour le partage 🙂
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Je trouve ces oeuvres vraiment bouleversantes, en tous cas, ça me touche profondément. Comme d’habitude, bel article; le thème de la mémoire, sensible quand on sent, parfois, « les blancs » qui arrivent, et le travail à faire pour y mettre des histoires…C’est un sujet qui me trouble, plein de choses à dire là-dessus
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Aaah les trous… j’en ai toujours eu, donc j’essaie d’éviter de quantifier 😉
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