Ce roman de Michel Houellebecq paru en 1998 est mis en scène par Julien Gosselin. Il est joué par le collectif Si vous pouviez lécher mon coeur. Une belle réussite théâtrale, audacieuse, et un grand succès du festival d’Avignon 2013.
A travers le parcours de deux demi-frères, Bruno et Michel, nés dans les années cinquante, Houellebecq décrit ce qui est pour lui la débâcle du XXe siècle : l’avènement du libéralisme sexuel dont les effets pervers seraient légions et la débâcle de la modernité occidentale. Le roman s’avère être une réflexion qui explore les thèmes de la science, la biologie, la politique, la sociologie, la religion, la pornographie, l’anticipation, etc. Ceci dans un style neutre, détaché jusqu’au cynisme et non dénué d’humour. Essai, fiction ou autobiographie?
« Pour l’Occidental contemporain, même lorsqu’il est bien portant, la pensée de la mort constitue une sorte de bruit de fond qui vient emplir son cerveau dès que les projets et les désirs s’estompent ; on peut le comparer à un ronflement sourd, parfois accompagné d’un grincement. A d’autres époques, le bruit de fond était constitué par l’attente du royaume du Seigneur ; aujourd’hui, il est constitué par l’attente de la mort. C’est ainsi. »(extrait)
Après l’abandon de leur mère et le désintérêt de leurs pères, les deux frères en mal d’affection sont incapables de trouver une stabilité sociale sereine. L’un, asocial et solitaire devient chercheur en biologie moléculaire (pur esprit), l’autre, professeur de français obsédé par le sexe, est un égocentrique à la recherche de la jouissance (corps tyran). Tous deux ne parviendront jamais à sortir de leur misère affective, malgré leurs liaisons inespérées avec deux femmes aimantes. L’une, Annabelle, n’a cessé de penser à Michel, son ami d’enfance, et l’autre, Christiane, comble Bruno de satisfaction sexuelle. Toutes deux mettront fin volontairement à leurs jours suite à de tragiques évènements. Michel contribuera, après sa disparition, à la transformation génétique du monde. Pour Bruno, ce sera l’asile psychiatrique.
Les dix comédiens, accompagnés par le clone de l’écrivain, sont sur scène durant la pièce entière et se partagent le texte de Houellebecq conservé rigoureusement. Un récit qui peut paraître sinistre, ou du moins évidemment pessimiste, et que Gosselin réussit à traiter, pour la première partie, avec un humour penchant vers le burlesque. La deuxième partie débute par l’intitulé « Tribute to Charles Manson« , un chapitre horrifiant sur les sectes sataniques des années post 68 (chapitre que je n’ai pas lu dans le livre…?). La comédienne hurle le récit de ces abominations par-dessus la mélopée lancinante de la guitare électrique et c’est volontairement insupportable. D’ailleurs, la musique, jouée par les acteurs, est très présente et participe intensément à la dramaturgie. De plus, avec un écran diffusant des images simultanées ou d’époques, ainsi que des parties du texte, cette mise en scène offre un dynamisme exceptionnel. Malgré une direction d’acteur pas toujours de mon goût, ce spectacle est pour moi un des moments marquants de la saison 2015 du théâtre de Vidy.

Nés en 1956 et 1958, les deux protagonistes des Particules élémentaires font partie des Baby Boomers, les très nombreux adolescents des années soixante-dix. Le Baby Boom est le pic de natalité qui a suivi la fin de la deuxième guerre mondiale. Chaque génération étant le reflet de l’époque qui l’a vue grandir, celle du Baby Boom est la génération qui a passé du milieu rural au milieu urbain. Faire des études était le moyen d’atteindre le but suprême : la réussite sociale. Une ascension en forme de revanche sur des parents moins instruits.
Quelles sont les caractéristiques des baby boomers (selon ce site sur les générations):
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donc on dirait finalement que j’ai raté un spectacle à voir/entendre….. Passé à la MC2 il y a un mois les extraits de la guitare stridente et d’autres m’ont ôté tout envie de « voir » le texte de Houellebecq que j’aime.
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C’est vrai que certaines sonorités mettent très mal à l’aise. L’art n’est pas toujours agréable à l’oeil ou à l’oreille autant qu’aux émotions. Mais dans certains cas, la déstabilisation est source de riche réflexion 🙂
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Je suis d’accord avec toi mais me demande, comme souvent pour les adaptations cinématographiques de livres ce que ça peut/va apporter (de plus) par rapport à la lecture….. C’est vrai que la MC2 avait souligné aussi bien sur FB que sur son site que cette production serait un des high-lights de la saison….. je n’avais pas cédé aux sirènes…. tu aurais dû écrire plus tôt ton texte (LOL)
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Ce que ça m’a apporté? une vision plus drôle ou plus tragique que dans le livre selon les passages , l’exacerbation des émotions. Le texte original est très froid et neutre. Le voir joué, même mot pour mot, l’humanise.
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