El Anatsui est un sculpteur né au Ghana qui vit et travaille au Nigeria. Après une licence à l’Université de Kumasi, il obtient un poste de professeur toujours au Ghana. Il complète sa formation par l’apprentissage des anciennes techniques de la culture ashanti en modelage, gravure… Dans les années 1970, il officie en tant qu’examinateur dans différentes universités dont celle de Nsukka au Nigeria. Il y devient professeur de sculpture de 1975 à 2011. Il est considéré comme étant à l’origine de techniques sculpturales inédites jusqu’alors. L’accès à une renommée internationale débute par sa participation à une résidence d’artistes aux Etats-Unis. En 1990, il l’un des cinq artistes choisis pour représenter l’Afrique à la 44e Biennale de Venise.

Il s’engage à ne travailler que des matériaux recyclés ou usagés et aborde des thèmes en relation avec l’histoire de l’Afrique, la perte de son identité due au colonialisme. Il étudie et utilise les signes et symboles traditionnels des différents clans qu’il mêle à ses sculptures sur bois ou argile. En 1986, l’oeuvre intitulée « La dernière fois que je vous ai écrit au sujet de l’Afrique » répond à ceux qui affirment que le continent africain n’a pas de système d’écriture développé. L’oeuvre, de hauteur d’homme, est une plaque de bois gravée de symboles représentant les différentes écritures présentes en Afrique.

Ses « tapisseries » monumentales (wall ou cloth), constituées de capsules de bouteilles de liqueur et de rhum (spirit!) cousues entre elles par des fils de cuivre, rappellent la colonisation, ainsi que la capacité inventive infinie des africains pour la réutilisation. Ces capsules et ces cannettes, associées au processus de guérison, font référence à l’importance du spirituel dans les cultures africaines et aussi aux ravages de l’alcool, au commerce des tissus, à celui des esclaves… Elles évoquent en premier lieu des bijoux multicolores ou les tissus précieux des tableaux de Klimt ou des mosaïques byzantines, puis renvoient à la surconsommation occidentale.

Le travail de El Anatsui est un médium unique fait de matériaux recyclés et d’un labeur méticuleux pour les assembler. De plus l’oeuvre est flexible, transformable, empreinte d’ouvertures possibles. Image de ce continent aux mille visages.

El Anatsui a participé à de nombreuses expositions internationales. On peut trouver ses réalisations dans les plus grands musées tels que le MoMA de New York, le British Museum de Londres ou le centre Pompidou de Paris.
Le site de El Anatsui.
Le jury international de la 56e Biennale de Venise a décerné à El Anatsui le Lion d’Or pour l’ensemble de son œuvre.
Un travail de Stéphanie Vergnaud (doctorante EHESS) sur la notion d’artiste contemporain au Nigeria à travers la figure de El Anatsui : cliquer ici ou son document sur l’histoire de l’art contemporain au Nigeria : cliquer ici
Chimamanda Ngozi Adichie (1977) est une écrivaine nigériane qui a grandi à Nsukka, ville universitaire. Elle quitte le pays à l’âge de 19 ans pour les Etats-Unis. Elle y étudie la communication et les sciences politiques, et continue avec un master en création littéraire. Son premier roman est publié en 2003, le second trois ans plus tard se déroule durant la guerre du Biafra. Americanah parait en 2015, traduit par Anne Damour. Interview du journal suisse Le Temps.
L’histoire d’Ifemelu raconte son parcours, de la nigériane de la classe moyenne à l’émigrée, par manque de choix, aux Etats-Unis. Elle devient donc pour ses compatriotes, une americanah. Elle y découvre les difficultés d’une population noire dont elle réalise, pour la première fois, que sa couleur de peau l’y intègre. L’affirmation de sa personnalité passe par la symbolique capillaire, problème récurrent des femmes noires: cheveux nappy ou lissés? (Africanlinks : cliquer ici) Elle passera quinze années aux USA et y créera un blog à succès parlant de la race noire, des différences culturelles et sociales entre noirs américains et noirs non américains. Les articles de son blog (J’avais envie de tous les publier!) sont des interludes passionnants qui émaillent le récit d’un langage différent et enrichissent cette satire sociale cruellement réelle, mais pleine d’humour. Malgré le confort et la réussite, elle finit par prendre le chemin du retour au pays, du retour vers le grand amour de sa vie.
Ce roman qui sent le vécu est remarquablement captivant, grave et drôle à la fois, et écrit avec talent. Pour moi, ce fut un « page-turner »! L’empathie et la connivence que j’ai ressenti pour Ifemelu n’a jamais tari au cours du récit. L’histoire parallèle d’Obinze, tout aussi intéressante, m’a moins emportée et la fin semble un peu bâclée. Mais ce roman, ce superbe portrait de femme, me restera un souvenir très vivant. J’y ai appris beaucoup sur un état de fait qui implique un sentiment inconnu aux privilégiés de la race blanche: la discrimination raciale et son cortège de petites et grandes injustices.
La remarquable intervention de Chimamanda Ngozi Adichie sur le féminisme:
On (merci Diane) me fait remarquer avec raison que ce discours a été partiellement samplé dans le titre de Beyoncé FLAWLESS cliquer ici. Important pour nos filles!
Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique. On y parle plus de 500 langues, c’est pourquoi la langue officielle est l’anglais pour faciliter l’unité nationale, la fin de la colonisation britannique datant de 1960. Les principales langues indigènes sont le yoruba et l’igbo.
Nollywood, est le terme utilisé pour parler de la seconde puissance cinématographique après Bollywood (Inde) et avant Hollywood (USA), le Nigeria produisant environ 2000 films vidéos par an.
Le Nigeria est la première puissance économique d’Afrique grâce à une importante production de pétrole. Cependant, ne possédant pas de raffinerie, le pays doit importer son carburant. Il reste relativement pauvre du fait de la corruption qui y sévit et de son inefficacité économique qui a poussé à des infractions en tout genres.

Peuplé de musulmans et de chrétiens, le Nigeria est soumis à des tensions religieuses, amplifiées, depuis 2009, par les massacres de la secte islamiste Boko Haram. Une tragédie innommable. Articles de L’Express.

Tres bel aricle qui donne envie d’en decouvrir encore plus ! Merci
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Merci à toi!
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eh bien, tu dis tant de choses, là ! Magnifique artiste, j’aime beaucoup toutes les idées mises dans ces tentures de capsules, quant à Americanah, il est dans ma pile ( si j’arrive à lui vite, j’aurai de la chance ! ). Et puis ce Nigeria…le sang répandu, comme sur la dernière image…
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eh ben, tu m’offres là un samedi matin bien riche et enrichissant. Merci!
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Oui, il y a des fois, je n’arrive pas à m’arrêter… et puis encore, j’y reviens plus tard! j’ai vu hier « Citizenfour » et je vais ajouter des choses sur le post « lanceur d’alerte ». C’est peut-être trop, mais on s’arrête où on veut en même temps, hein? 😉
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Oui – il y a(urait) (encore) des choses à dire sur Snowden…. – et celui qui s’arrête sur ton blog n’y est pas pour lire en 30 secondes…. donc ce n’est jamais trop, parfois pas assez mais toujours avec des ouvertures vers davantage….
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Votre article cité ici (note 1) :
http://mondesfrancophones.com/espaces/periples-des-arts/minimalisme-et-conceptualisme-adrian-piper-lion-dor-de-la-biennale-dart-de-venise/
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