
Cette photo de James Karales (1930-2002) illustre la marche du Mouvement des Droits Civiques à laquelle prirent part 25000 manifestants depuis Selma jusqu’à Montgomery, Alabama. C’est le 25 mars 1965 qu’eut lieu ce rassemblement historique pour les droits civils des Afro-Américains. Deux tentatives avaient eu lieu précédemment, dont la première, le 5 mars appelée plus tard Bloody Sunday, avait vu les activistes non armés attaqués par les agents de police de l’état à coups de matraques et de fouets. Cet évènement filmé par la télévision renforça le mouvement, ainsi que le soutien d’un public horrifié.
Le 6 août de cette année-là, le président Johnson signe la loi sur le droit de vote (Voting Rights Act), pourtant « garanti » en 1870, qui interdit toute discrimination. Toutes les barrières à l’inscription des électeurs sont abolies.

Réalisé par Ava Duvernay, ce film exalte cette lutte collective et pacifique pour la liberté. Il éclaire ces évènements cruciaux pour les afro-américains. Mais qu’en est-il des progrès humanistes de notre civilisation? Les faits se sont passés il y a une cinquantaine d’années. Hier donc…
Avec la prestation magnifique de l’acteur David Oyelowo, le film décrit la violence de la ségrégation, le bras de fer entre le pasteur King et Lyndon Johnson, les doutes de Martin Luther King Jr, écartelé entre sa mission et sa vie familiale.
Cette réalisation, au-delà de la critique cinématographique, est un indispensable témoignage de la lutte contre la ségrégation raciale qui n’est, hélas, largement pas terminée. Le courage des personnes qui y ont participé, la volonté et l’intelligence de Martin Luther King sont des valeurs que l’on peut qualifier de patrimoine philosophique humanitaire. Ce film proclamant à nouveau ces faits historiques est un moyen de toucher une large part de la population.
Ava Duvernay a réalisé un documentaire instructif sur la justice et l’incarcération de masse aux USA. Intitulé Le 13e (2016), il fait référence au 13e amendement qui a libéré les esclaves et interdit l’esclavage. Les États-Unis représentent 5 % de la population mondiale mais 25 % des personnes incarcérées dans le monde.
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Le ministre américain de la Justice, Eric Holder, a présenté les conclusions de rapports concernant les émeutes de 2014 à Ferguson, Missouri. Il en ressort un réquisitoire sévère contre la police et les responsables de la ville. Cependant, le policier qui avait abattu un jeune homme, Michael Brown, ne sera pas poursuivi, les enquêteurs estimant sa réaction justifiée… Le rapport d’une centaine de pages décrit une discrimination flagrante des autorités à l’égard d’une population à 67 % noire, mais qui représente 93 % des personnes arrêtées pour les motifs les plus anodins, parfois malmenées et menacées par des chiens.
Cette même année 2014, Eric Garner est mort à New York étranglé par un policier, un drame duquel est issu le mouvement #blaklivesmatter.
http://racism-usa.blogspot.ch/

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Aujourd’hui, en cette année 2020, la violence policière envers les personnes noires, loin d’avoir cessé, est à nouveau au coeur de l’actualité et des manifestations suite à l’atroce supplice subit par George Floyd à Minneapolis. Cette fois-ci, pas question pour les 4 policiers de plaider la légitime défense. Aucune suspicion de présence d’arme à feu (motif fréquent d’abandon de poursuite), le policier n’agit pas sur une réaction impulsive et presque toute la scène est filmée. (source)
Ce qu’il faut surtout garder à l’esprit, c’est que cette affaire n’est pas un cas isolé. Toutes les interpellations de la police ne se terminent pas ainsi, mais elles sont habituelles envers la population noire. Ce qui est nouveau, c’est le choc des images filmées.
Le mouvement #BlackLivesMatter (La vie des Noirs compte) dénonce les violences policières à l’encontre des personnes de couleur. Sous Trump, les racistes expriment plus facilement leurs insanités, à l’image de leur stupide président. La réalité sociale aux USA, c’est un clivage qui empire.
Sauf pour la libre circulation des armes à feu, qui est une préoccupation constante et un fléau aux USA dans les contrôles policiers ainsi qu’au quotidien, ne nous croyons pas meilleurs en Europe.

Merci pour cet article, typiquement le genre de films à ne pas rater 🙂 Sans vouloir chicaner, 1965 c’était il y a 50 ans (pas 60).
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Oups, merci! le calcul n’est vraiment pas mon fort…
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Je vais aller le voir et je partagerai avec vous mon ressenti. J’attends juste que la grippe que j’ai attrapée passe…
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Bon rétablissement, alors!
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Je ne l’ai pas encore vu… Mais le beau (rappeur) Common me motive. Plus sérieusement, je te partagerai également mon ressenti 😉
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