Un petit séjour à Avignon lors de son festival est toujours un délice trop court. Alors quelle chance et quel bonheur de tomber sur un B&B hors du commun. « Chez Micaela » est une maison ancienne, confortable et pleine de charme sise près de la gare. Son attachante propriétaire nous a régalé les yeux et les papilles de ses petits déjeûners copieux et agrémentés de vaisselles anciennes chinées avec passion. Elle est, de plus, amatrice d’art et possède une fort jolie collection de nus féminins. http://chezmicaela.com

Quatre jours, douze pièces vues et combien de dizaines manquées… C’est une des causes de la frustration qui me gagne lorsque je n’apprécie pas un spectacle. Cette année, un seul ne m’a pas plu, mais alors pas du tout! Le tract de « La leçon » de Ionesco avait attiré mon attention car il se prévalait d’une version tango. Mais de tango, quelques pas ascétiques seulement, un jeu de comédien agressif et outré (sauf les comédiennes qui auraient mérité mieux) et un texte sans intérêt, agaçant et insipide.
En revanche, des coups de coeur admirables:

Une troupe de comédiens italiens du XVIIe siècle, pressés d’arriver à la cour du roi avant Jean-Baptiste(!), sont coincés par un accident de roulotte. Ils répètent leur création au milieu de la forêt. Le décor, planté par la roulotte, est très simple mais fort ingénieux. Dans le style Commedia dell’Arte, les personnages virevoltent et nous entraînent dans une mise en abîme de leur pièce avec leur réalité, sur le thème de l’identité, l’apparence, la course au pouvoir ou la possession. Un moment jubilatoire et des comédiens d’une expressivité extraordinaire.

Un ch’ti, un homme, qui raconte pourquoi il est confiné dans une geôle de 3 m sur 3. Un homme simple, ayant quitté l’école à quatorze ans, issu du milieu paysan et pris dans un engrenage qui l’amène à commettre une action interprétée par la société comme étant coupable. Ce comédien extraordinaire, Bernard Crombey, incarne le personnage avec une sensibilité et une virtuosité incroyable sur un texte qui mêle l’émotion, la poésie et aussi l’humour. Une pièce remarquable, émouvante et intelligente. Une pièce qui rend meilleur.

Une comédie musicale pétillante sur l’idéal de la beauté du corps, ceci au travers des multiples moyens mis en oeuvre pour garder « La Star » au top niveau de son potentiel attractif. Les deux comédiens chanteurs atteignent, eux, la perfection avec leur interprétation d’employés de cette firme inhumaine. Leur virtuosité vocale, leur présence scénique alliées à une mise en scène minutieuse fait de ce spectacle un bijou scintillant dans un écrin de sensibilité.

Avec des comédiens aussi brillants, le propos du texte de Shakespeare, pouvant être taxé de machiste, séduit avec le sourire. De splendides costumes, une mégère, interprétée avec brio par Valeria Emanuele, qui garde sa puissance et sa passion jusqu’à la fin et enchante le public par des envolées furieuses en langue italienne, un Petruchio, gourmand, truculent et diablement séduisant. Un classique revisité Comedia dell’Arte qui m’a enthousiasmé par son énergie et son rythme, mais aussi par le décalage musical offert par Adil Kaced, flûtiste, percussionniste et chanteur admirable. Des sonorités arabisantes à la beatbox (multivocalisme) en passant par l’oud ou le gombri, ses interventions tombent à point nommé au coeur d’une action scénique échevelée.
Oreste qui aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort. Collectif La Palmera.
Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen proposent une création pédago-théâtrale d’Andromaque. Ils expliquent de façon ludique la trame de l’histoire et la rendent abordable aux néophytes. Lors d’une première partie, les personnages sont visuellement représentés par des ballons de baudruche et leurs actions replacées dans le contexte historico-mythologique. Dès lors, tout est en place pour le jeu des acteurs en seconde partie, ce qui permet une compréhension facilitée. Des comédiens qui interprètent formidablement ce grand classique de Racine.

Une pièce radiophonique d’Israel Horowitz transposée sur les planches par une troupe de jeunes comédiens prometteurs. Donald de New York et Christy de Londres s’aiment et chacun veut faire la surprise à l’autre de sa présence lors d’un week-end. Les quiproquos qui s’ensuivent sont très drôles, le décor fait de caisses en carton amovibles ingénieux. Une pièce qui mériterait peut-être un raccourcissement, mais qui laisse un sentiment de gaîté et de dynamisme appréciable.
A quoi, à qui devons-nous la mise en oeuvre de ces merveilleuses créations théâtrales? Les intermittents du spectacle (théâtre, audiovisuel, cinéma) bénéficient d’allocations de chômage plus favorables que le régime général, ceci en raison du risque élevé de chômage et des contrats limités dans le temps malgré un travail effectif le plus souvent commencé en amont. Vincent Roca, après son spectacle (savamment hilarant) avec Jacques Dau « Qu’est-ce qu’on fait pour Noël? », a dénombré 15 personnes ayant travaillé sur cette production!
« Ce régime permet aussi aux structures culturelles de bénéficier d’un vivier de talents très divers et aisément mobilisables. Il constitue un atout artistique mais également économique dans la mesure où le recours à des salariés recrutés sur des contrats à durée indéterminée constituerait pour les structures culturelles un alourdissement de leurs charges de fonctionnement qui, dans la plupart des cas, notamment dans le domaine du spectacle vivant, serait susceptible de compromettre leur survie. » clicker ici
Attention : Les chaînes de télévision sont en ligne de mire, elles peuvent en effet employer des intermittents à des postes réguliers! Des «permittents» qui profitent du régime des professionnels du spectacle en cumulant salaires et indemnités. Un système qui arrange aussi leurs employeurs, qui versent des rémunérations plus basses.
Ces comédiens, techniciens, décorateurs, metteurs en scène, éclairagistes, ces écrivains, cameramen, preneurs de son, costumiers, scénographes, régisseurs, machinistes, tenanciers de salles, gestionnaires, et j’en oublie, tous ces gens qui participent à ouvrir notre esprit en travaillant pour nos sens et notre culture,
ce sont eux nos PORTEURS D’HISTOIRES !

J’aime ! 🙂
J’aimeJ’aime
Ah mais tu avais disparu ou quoi? Contente de te revoir!
J’aimeJ’aime
j’ai vu hier une amie qui y était aussi, elle a vu 15 spectacles, et comme tous les ans, elle a aimé, ce fourmillement artistique…Je n’y suis jamais allée, mais j’espère encore !
J’aimeJ’aime
ça en vaut vraiment la peine, mais c’est un budget, même si tu as la carte off. Mais je préfère nettement ça aux Maldives! 😉
J’aimeJ’aime
Ah, c’est bizarre, je trouve que tu as raison…
J’aimeJ’aime
🙂
J’aimeJ’aime