Cindy Sherman est une artiste photographe américaine installée à New York. Toutes les photos : © Cindy Sherman
Dès l’âge de 10 ans, elle souligne les photos de son journal personnel de : « C’est moi. »
Elle utilise sa propre image pour les portraits de ses séries et invente des personnages à l’aide de prothèses, de maquillage et d’accessoires divers, puis les met en scène en studio. Elle a étudié la peinture au State University College de Buffalo, New York, puis s’est tournée vers la photographie en découvrant l’Art Conceptuel par le biais d’un de ses professeurs. Son travail est une réflexion sur l’image, l’identité et l’analyse des stéréotypes, en particulier féminins. Malgré la profusion de ce qui semble être des autoportraits dans son oeuvre, ses thèmes de prédilection sont le changement d’identité, l’apparence et les dictats des médias.

La photo (ci-dessus) est destinée à trois observateurs : l’appareil photo, le spectateur et un intervenant hors-champ. Une image typique de la tension que Cindy Sherman réussit à introduire dans une scène domestique à priori banale. Cette série d’environ 70 clichés noir/blanc pris par elle-même ou un de ses proches, est intitulée Untitled Film Stills et fut crée entre 1977 et 1980. Elle induit des scènes de films imaginaires où le spectateur est invité à s’inventer une histoire, ou plutôt, comme elle l’a dit, imaginer un personnage qui, par son regard, sa pose, son habillement, son environnement, incarne un stéréotype de la Femme vu dans les films des années soixantes.
« Je m’oppose à la manière dont notre être est pourri par ce que l’on est censé être. » CS

En 1980, elle utilise la couleur et se photographie devant un écran de diapos (Rear screen projection). Un an plus tard, la série (ci-dessus) Centerfolds ou Horizontals, une commande, est refusée par le commanditaire (Artforum). Les photos sont trouvées dérangeantes, sexistes. Les femmes composant cette série sont vulnérables, défaites, comme offertes au regard d’un prédateur. Le format horizontal, référence à une double page de magazine féminin ou pornographique, en accentue l’aspect de victimes. Le malentendu avec les féministes est total.
Les séries Fashion, en 1983, 1984, 1993 et 1994, en réaction avec l’aspect glamour des photos de magazines féminins, soulignent le caractère artificiel de la mode et la volonté de se conformer à un modèle établi par la société. Ces portraits de victimes de la mode sont pathétiques et dérangeants. Le modèle, ravagé ou trop suggestif, ne donne aucune envie d’identification.
La série Disasters (1986-1989) et Civil War (1991) montrent des natures mortes putrescentes et une atmosphère morbide.

Avec History portraits (1989-1990), elle réinterprète la gamme des portraits de l’histoire de l’art, stéréotypes culturels et sociaux de l’imaginaire collectif occidental.

Entre 1989 et 1992 viennent les séries Sex pictures et Horror and surrealist pictures (1994-1996), recherches sur l’obscénité à l’aide de mannequins et du morcellement de corps artificiels. Au contraire des surréalistes, elle ôte tout érotisme à ses images sexuelles par ses trucages provocants et il ne reste que le dégoût. Les images oscillent entre le comique et l’atroce, le grotesque et le sérieux. Une manière de démonter la fascination devant l’évocation de la jouissance.
La figure du clown est incontournable du travail de Cindy Sherman. Elle est associée à la régression, à l’enfance, en relation étroite avec l’identité cachée et la monstruosité. Ses clowns sont « psychotiquement » souriants et d’une ambiguïté particulièrement inquiétante… Cindy Sherman utilise alors les possibilités de l’informatique pour sa mise en scène.

Le MoMA offre un site consacré à l’exposition de 2010 : clicker ici
Dans son travail, Cindy Sherman cherche à faire remarquer les stéréotypes qui transmettent les préjugés culturels de notre société (banalité, idée toute faite, cliché, poncif).
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Mais que sont les stéréotypes? Ce sont des croyances partagées qui concernent les comportements ou les traits de personnalité d’un groupe culturel. Ces croyances collectives peuvent amener à une discrimination. Les stéréotypes apparaissent beaucoup dans les médias. Ils sont adoptés de façon arbitraire. Ils sont la manifestation du préjugé qui est une attitude, souvent négative, qui évalue un groupe social donné. Ils nous sont transmis par notre héritage culturel.
Ainsi notre opinion, lorsque l’on doit juger quelque chose, nous fait plutôt juger la représentation que l’on a de cette chose.
En ce sens, le stéréotype est proche de la caricature.
Un site pour en savoir plus : clicker ici

Un beau travail.
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Je trouve aussi qu’elle nous fait mettre le doigt sur des automatismes de pensée que l’on a tendance à répéter. Merci.
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superbe article. J’adore les investigation shermaniennes. Bonne semaine.Merci.
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