Robert Mapplethorpe, photographe américain, est issu d’une famille catholique du Queen de sept enfants. Dès 1963, il étudie les Beaux-Arts au Pratt Institute près de Brooklyn. C’est en 1967 qu’il rencontre Patti Smith. Leur relation de 1967 à 1975 est magnifiquement racontée dans le livre de Patty Smith « Just kids » :

Durant leurs trois années de vie commune, Mapplethorpe pratique beaucoup le collage à partir de photos de magazines, pornos pour la plupart. Il acquiert un appareil photo polaroïd en 1970, année de son installation au Chelsea Hôtel avec Patti Smith.

Sa première exposition personnelle a lieu en 1973 à New York (Light Gallery). En 1975, il se procure un appareil Hasselblad grand format et photographie ses amis et les célébrités du moment. Il réalise la pochette du premier disque de Patti Smith.

A partir de là, Mapplethorpe se consacre exclusivement à la photographie. Il a découvert son homosexualité. Il photographie le milieu sadomasochiste new yorkais, images provocantes, qui déclenchent scandale et débat sur le financement public de l’art aux USA. Ses photos témoignent de l’univers underground de la société newyorkaise d’avant le sida.

La crudité de ses clichés, ses mises en scène de la nudité en ont fait un pionnier de l’art visuel contemporain. Il met l’accent sur la forme et le volume, l’ombre et la lumière. Il est sculpteur de l’image.

En 1980, il rencontre Lisa Lyon, première femme championne du monde de bodybuilding qui devient sa muse pour un film et un livre (Lady, Lisa Lyon).

Ses photos se concentrent sur une beauté plastique classique ou même antique : des natures mortes de fleurs et des nus en noir et blanc avec un rendu maniériste. La renaissance italienne et Michel-Ange l’inspirent.


Patti Smith ICI commente l’exposition parisienne:
250 oeuvres sont exposées au Grand Palais. Robert Mapplethorpe, dont la carrière fut brève (mort du sida à l’âge de 43 ans), déclara:
« Si j’étais né il y a cent ans ou deux cents ans, j’aurais sans doute été sculpteur, mais la photographie est une façon rapide de regarder, de créer une sculpture. »
Le musée Rodin ose la rencontre. L’assemblage des oeuvres du sculpteur et du photographe, le dialogue entre leurs travaux respectifs sur le corps entrent parfaitement en résonance.

50 sculptures d’Auguste Rodin et 102 photographies de Robert Mapplethorpe.

Auguste Rodin est né à Paris d’une famille pauvre. Dès l’âge de 14 ans et pendant quatre ans, il suit des cours de dessin à « La Petite Ecole« . Il entre ensuite en classe de sculpture et passe du temps au Louvre à dessiner. Il échoue au concours d’entrée des Beaux-Arts et aide sa famille en faisant des travaux de décoration. sa première oeuvre sera le buste de son père.
Il rencontre Rose Beuret (20 ans) en 1865, elle restera sa compagne toute sa vie. Il l’épousera deux semaines avant sa mort et lui survivra neuf mois..

Rodin s’installe en Belgique et expose pour la première fois en 1871, année de la mort de sa mère. En 1876, il voyage en Italie et étudie les oeuvres de la Renaissance, celles de Michel-Ange en particulier.

Rodin et Rose reviennent en France. En 1880, l’Etat français lui commande une porte pour le musée des Arts Décoratifs, ce projet sera celui de la porte des Enfers d’après Dante et l’occupera toute sa vie. On lui attribue un atelier, rue de l’Université à Paris.
Il rencontre Camille Claudel en 1883, séduit par son talent, elle devient sa collaboratrice et sa maîtresse. Leur rupture définitive aura lieu en 1898. ( Voir ICI Camille Claudel)

On lui commande des monuments (Bourgeois de Calais, Victor Hugo, etc). Il achète une villa à Meudon et y aménage des ateliers. Il collectionne peintures et sculptures antiques. Dès 1897, il expérimente une nouvelle façon de dessiner, plus libre, et s’affranchit de la pudeur. Il cherche à transcrire l’énergie de sa source d’inspiration : le corps féminin.

En 1900, année de l’exposition universelle, il organise sa propre exposition personnelle, la première en France. Il rencontre Rilke à Prague qui deviendra son secrétaire en 1905 pour quelques mois. Il goûte à la vie mondaine et multiplie les conquêtes. D’importantes expositions lui sont consacrées en Europe et en 1912 à Tokyo et à New York. Il meurt en 1919, le musée Rodin ouvre en 1919.

Autant Robert Mapplethorpe qu’Auguste Rodin ont scandalisé leur époque en proposant des oeuvres novatrices. Le premier fut taxé d’obscénité pour avoir mis les attributs sexuels masculins en évidence, le second osa représenter Balzac en robe de chambre, sans ses attributs d’écrivain, la plume et le livre.


« Je ne me bats plus pour ma statue. elle sait se défendre elle-même. Si la vérité doit mourir, mon Balzac sera mis en pièces par les générations à venir. Si la vérité est impérissable, je vous prédis que ma statue fera du chemin. Cette œuvre dont on a ri, qu’on a pris soin de bafouer parce qu’on ne pouvait pas la détruire, c’est le résultat de toute ma vie »AR
Pourquoi les artistes provoquent-t-ils si souvent des scandales?
« Pourquoi les révolutions esthétiques dont l’art a le pouvoir se sont toujours imposées, au terme de luttes et de conflits, dans le scandale avant d’être acceptées et de contribuer à un ordre nouveau ? L’artiste conscient de sa capacité à transformer le monde, à insuffler jeunesse et vitalité dans un univers sclérosé par le conformisme et la convention sait que sans audace il ne peut conquérir l’autonomie émancipatrice dont il a besoin pour lui-même et pour sa création. Le scandale, le rejet passionné de son œuvre seraient-ils donc les garants de son acceptation, tout aussi passionnée, pour la postérité ? Le scandale serait-il donc un recours esthétique de l’artiste pour affirmer autonomie et émancipation ? Dans certains cas, en effet, le scandale est prémédité : l’artiste prépare la rupture par sa manière de faire ou par le sujet qu’il aborde. Il sait alors que son acceptation ne sera pas immédiate et que son œuvre provoquera rejet et raillerie. Il devra attendre que le public soit prêt, parce qu’il se sera transformé ou éduqué, à accepter, comprendre, voire même apprécier, son œuvre. Mais le scandale peut aussi être imprévu et dépasser les attentes de l’artiste quand il surgit d’une manifestation spontanée du public. Car le scandale, bien qu’il arrive par l’artiste, est toujours une manifestation du public. »
Denis Vigneron, « Lorsque l’art fait scandale… », Acta fabula, vol. 9, n° 7, Ouvrages collectifs, Juillet-Août 2008, page consultée le 25 avril 2014.

Aujourd’hui, 10 mai 2014, c’est l’artiste Myriam Cahn qui scandalise une partie du public avec son oeuvre « Fuck Abstraction » exposée au Palais de Tokyo. Ce tableau dénonce des crimes de guerre que nous savons être commis, le viol étant utilisé comme arme de guerre. L’oeuvre, largement commentée sur les réseaux sociaux, a été vandalisée par un ancien représentant de l’extrême droite le dimanche 7 mai.
Après la photographie et la sculpture, voici la peinture. L’art dénonce, crée la controverse, met en lumière, partage des points de vue et agit pour l’ouverture et le débat public. L’art n’est pas uniquement porteur de beauté, il affectionne les oxymores (figures de style qui consistent à allier deux mots de sens contradictoires).
« L’affaire » décryptée jour après jour par Margaux Brugvin sur Instagram.
A reblogué ceci sur VITRINART..
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La partie de l’exposition au musée Rodin est de très bonne qualité: les interactions entre les sculptures de Rodin et les photographies de Robert Mapplethorpe sont bien justifiées.
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