Laurent Meynier, nature morte de sucrerie avec vanité, 2010
Photographie numérique
Catalogue de l’exposition de l’Alimentarium de Vevey en Suisse (jusqu’au 30 avril 2014)
Qu’est devenue la nature morte dans l’art? Pourrait-elle être un témoin de la consommation alimentaire au cours des siècles?
Au départ, la composition d’une nature morte par un artiste est un acte de volonté. L’artiste veut parler de la vie et de la mort, de l’Homme, même s’il est absent du tableau.
C’est au XVIIe siècle que la nature morte a eu son âge d’or et trouvé son nom. Elle tient la dernière place dans la hiérarchie des genres en peinture. On pense en effet à cette époque que celui qui « peint parfaitement des paysages ou des animaux vivants est au-dessus de celui qui ne représente que des choses mortes et sans mouvement ». Le Caravage a fait scandale en Italie en disant : « Il me coûte autant de soin pour faire un bon tableau de fleurs qu’un bon tableau de figures ».
Le Caravage, Corbeille de fruits, vers 1596
Ce genre, par ailleurs fort apprécié, est investi par les femmes artistes.
Clara Peeters, 1608-09 (Anvers)
Un genre particulier qui se développe à cette époque est la Vanité, avec toute une série de symboles du passage du temps et de la brièveté de l’existence : le crâne (fragilité humaine ou immortalité), le bougeoir s’éteignant, le verre vide renversé, le livre refermé, le sablier, fleur fanée, etc. Tout est vain puisque nous ne faisons que passer. Insectes et petits rongeurs peuvent s’infiltrer dans la composition.
Au XVIIIe siècle, c’est Jean Siméon Chardin (1699-1779) qui se distingue par une recherche d’effet pictural plutôt que par la copie fidèle de la réalité, iouvrant la voie aux peintres modernes. A noter dans les natures mortes la profondeur de l’espace à l’arrière-plan qui centre le regard et l’oblige à se porter sur les objets présentés.
Chardin, verre d’eau et carafe, 1720
Pablo Picasso, Nature morte aux oursins, 1946
Andy Wharol, Campbell’s Soup Cans, 1962
Roy Lichtenstein, Bananas and grapefruits, 1972
La nature morte, ou plutôt la production industrielle, devient plus tard un symbole de la société de consommation.
Daniel Spoerri, tableau piège, Dame bleue au chien, 1992
L’objet usé se singularise de l’objet neuf, il a un passé. Spoerri récolte les reliefs de repas et les colle sur un plan placé ensuite à la verticale.
L’artiste utilise des objets de récupération en plastique. Il détourne ainsi les déchets de la société de consommation.
Entre art urbain et art conceptuel, Rero interroge les codes de notre société autour des notions de consommation et d’obsolescence. http://www.reroart.com
§
La société de consommation désigne un ordre social et économique fondé sur la création et la stimulation systématique du désir de posséder et d’acheter des biens et des services en quantité. Cet état de fait mène à une surexploitation des ressources et des êtres humains de la planète, ceci pour la partie argentée de la population en lui créant de faux besoin (publicité…), au détriment des individus et des peuples nécessiteux qui, eux, ont de vrais besoins vitaux.
Une page explicative des plus instructive :
http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/societe4.htm
Pour avoir accès à des informations indépendantes sur l’actualité sociale et environnementale: http://www.bastamag.net
Damien Hirst, For The Love of God
Réplique en platine d’un crâne du XVIIIe siècle incrustée de diamants vendue pour 100 millions de dollars. L’oeuvre ne trouvant pas acquéreur, elle a été achetée par un groupe d’investisseurs dont Damien Hirst fait partie, ceci pour préserver sa cote sur le marché de l’art. Une vanité…
Je trouve qu’il n’y a rien à rajouter à cet excellent article, donc : je me tais !
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Bonne sélection ! Petite participation à votre article, en partage, découvrez ma série de dessins en cours de réalisation : « Vanité », dont le rapport du GIEC est à l’origine : https://1011-art.blogspot.com/p/vanite.html
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