Peintre et sculpteur italien
Amedeo Modigliani est né à Livourne, quatrième enfant d’une famille juive ayant connu des jours meilleurs. Sa mère est née à Marseille, d’une famille juive séfarade émigrée en Italie, une famille lettrée et empreinte d’usages raffinés et de débats sur les textes anciens. Les trois frères et leur soeur seront éduqués et instruits. D’une santé chétive, Amedeo est atteint de deux graves maladies dans son jeune âge qui lui laisseront des séquelles.
Dès 1902, il fréquente des écoles d’art à Florence et à Venise. Il fait connaissance avec les bas-fonds, les tripots, les filles, l’alcool et les drogues. C’est en 1906, à l’âge de 22 ans, qu’il s’installe à Paris au Bateau-Lavoir, un immeuble de Montmartre connu pour être devenu un lieu de résidence de nombreux artistes. Il y rencontre entre autres Picasso et Cocteau. Il expose des portraits et connait un petit succès.
Il déménage en 1909 dans un studio. Sa rencontre et ses discussions avec Brancusi lui donnent l’énergie nécessaire d’entreprendre la sculpture, malgré de gros ennuis pulmonaires. En 1912, après un bref retour à Livourne où il sculpte encore, il finit par jeter ses productions dans le canal.
Tête en pierre calcaire, 64 cm, 1910-12
Portrait de Paul Alexandre, 1911
De retour à Paris, il se lie à Béatrice Hasting en 1914. Ils vivent une violente passion suivie d’une rupture tout aussi violente. Modigliani se perd dans les excès de toutes sorte.
En 1917, grâce à son ami poète Zborski, il a droit à une exposition. Hélas, elle fait scandale: exposer des nus aussi suggestifs en pleine guerre est très mal perçu et elle est fermée pour outrage à la pudeur.
Il rencontre Jeanne Hébuterne (1898-1920), surnommée Noix de coco pour son teint laiteux et ses cheveux auburn. Elle est peintre et suit les cours d’une école qui autorise les femmes à copier des nus masculins. Pour lui, elle quitte sa famille.
Jeanne Hébuterne, autoportrait, 1916
Modigliani peindra 26 toiles la représentant. En 1918, elle lui apprend qu’elle est enceinte et ils partent passer l’hiver à Nice. c’est là qu’elle donne naissance à leur fille, Jeanne, qui sera élevée par la soeur d’Amedeo. Modigliani s’éteint en janvier 1920. Il n’aura jamais autant travaillé que durant les trois dernières années de sa vie, obnubilé par le besoin de « sauver son rêve ». Jeanne se jette par la fenêtre deux jours plus tard, enceinte de leur deuxième enfant. Au lendemain de leur mort, les prix des oeuvres d’Amedeo grimpent en flèche…
Amedeo Modigliani, Portrait de Jeanne Hébuterne, 1919
Lien vers une très belle biographie détaillée :.
http://rosannadelpiano.perso.sfr.fr/Modigliani.htm
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L’oeuvre peinte de Modigliani reflète sa sensibilité à l’être, son approche palpable de transcrire une forme d’humanité dans sa peinture. Comment s’y prennent les artistes contemporains pour exprimer cela sans la peinture?
Plasticien français, peintre, sculpteur, cinéaste, installation.
Sans avoir suivi de formation artistique, Christian Boltanski (né d’un père juif et d’une mère chrétienne) abandonne la peinture vers 1967 et s’engage dans une recherche visant l’absence et la présence. Il utilise une multitude de matériaux (carton, pâte à modeler, photos, objets divers, etc.) à fort pouvoir émotionnel et les met en scène dans l’espace et le temps. Ce sont des reliques qui nous invitent à la méditation et nous interrogent sur notre mémoire, ainsi que sur la mémoire collective.
« l’art est une chose sérieuse, qui n’a rien de joyeux. Parce que l’art a perdu sa véritable fonction au profit d’un courant bling-bling qui le transforme en marchandise et qui m’amène à réagir. On n’est pas là pour s’amuser, mais pour poser un questionnement existentiel ! » Christian Boltanski
« Personnes », expo du Grand Palais, Paris, 2010
Cette oeuvre monumentale de Christian Boltanski présentée dans la grande nef est composée d’habits qui jonchent le sol. L’absence et la présence. L’individu et l’anonyme. 69 espaces rectangulaires sont alignés sur trois rangées le long de la nef ; chacun de ces espaces est recouvert de vêtements posés à plat au sol, face contre terre. Au centre de la nef se trouve une montagne de vêtements ; à son sommet, un grappin prélève quelques-uns de ces vêtements, les soulève dans les airs avant de les relâcher. Ce qui symbolise le destin aléatoire ou la main de Dieu. Dans tout l’espace, des haut-parleurs diffusent l’enregistrement de battements de cœurs, évoquant aussi le bruit des trains sur leurs rails. Une imagerie fortement inspirée par la Shoah.
Christian Boltanski, Untitled, photos, metal boxes and lamps, 1989
Deux oeuvres, deux artistes, deux époques. Quelle expression?
Pour les oeuvres précédant le XXe siècle, l’excellence du travail était visible et justifiait le prix de l’objet d’art. Les arts plastiques étaient représentés par la peinture et la sculpture. A partir de Marcel Duchamp, son oeuvre (Fontaine signée R.Mutt, le concept du ready made, le Grand Verre, l’installation Etant Donnés, ses écrits, etc.) a inauguré une révolution survenue après sa mort.
Ce qui va être jugé dorénavant, c’est la capacité de l’artiste «à peindre une idée», à illustrer un concept à travers un mode d’expression ramené à ses seuls ingrédients: couleur, support, taille, type et cadre d’intervention, matière, etc. Le savoir-penser a remplacé le savoir-faire traditionnel. On pourrait dire qu’il y a ainsi deux catégories d’oeuvres : celles des artistes qui restent dans la continuité de l’histoire de l’art et celles qui entament une nouvelle histoire dans les traces de Duchamp.
Pourtant, c’est toujours notre subjectivité qui prime quand on aborde une oeuvre.
Un article pour comprendre comment se calcule le prix d’une oeuvre .
bel article, j’aime Modigliani…moins sensible à Boltanski, je l’avoue. Quel est votre point de vue personnel, hors esprit analytique et objectivité ?
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Les démarches des artistes contemporains demandent plus de réflexion et souvent, il faut se renseigner avant de se faire une opinion. Mais j’aime qu’un artiste ne me mâche pas le travail et devoir faire un bout de chemin m’intéresse. La peinture est souvent plus proche d’un ressenti immédiat et subjectif. Je suis personnellement attirée par les deux démarches. Mais le geste du peintre garde pour moi une trace intime qui me touche particulièrement. Merci pour votre commentaire. J’ai décidé de ne publier que ce qui me touche, c’est pourquoi en général, je ne donne pas mon avis personnel. Sauf si on me le demande!
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As-tu déjà vu le film Modigliani de Mick Davis ? 😉 ► http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18368693&cfilm=54208.html 😉
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Non, je viens de voir cette bande annonce, merci. Tu le conseilles? je ne suis pas sûre d’avoir envie de voir une bio romancée.
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