Philippe Djian (1949) / Lou Reed § Love (pure) song

Philippe Djian (1949)

Romancier français.

Philippe Djian, après une enfance parisienne, quelques voyages et une amitié constructive avec Jérôme Equer, exerce plusieurs métiers alimentaires. Ses lectures affermissent l’importance qu’il donne au style dans l’écriture (Faulkner, Kerouac, Céline, Melville…). Sa première parution est le recueil de nouvelles 50 contre un, en 1981. 37,2 le matin sera le roman de la reconnaissance publique en 1985.

http://philippedjian.free.fr/bio.htm

 Un génial échantillon de son écriture pour une chronique:

 » Je sais pourquoi la presse est malade. Ce matin je lis Lou Reed est mort. Et aussitôt je lâche le journal dont les feuilles s’envolent au vent. Lire de telles absurdités de bon matin vous gâche la journée et vous tord le ventre. Lou Reed est mort, et moi, je suis la reine d’Autriche. Ecrire de telles imbécillités n’est pas puni dans ce pays. Lou Reed est mort. Je l’écoutais encore à l’instant. Cette voix, aïe aïe, quel incommensurable charme. Personnellement, l’alarme de mon réveil sonne sur Perfect Day et il est rare que ça ne me mette pas de bonne humeur, d’ailleurs je ne sais pas comment je pourrais m’en passer. Vous n’allez pas y gagner à colporter n’importe quoi, à dire ces conneries. Comme ces mots : «Lou Reed était devenu une vieille grenouille à bajoues.» Ce n’était pas nécessaire. J’ai lâché les pages au premier courant d’air – en fait, une créature invisible me l’a brusquement arraché des mains. «  Philippe Djian, Libération, 09/11/13

love+songUne histoire? oui, il y en a une. Vous en trouverez le résumé sur n’importe quelle plateforme. Pas sur mon blog. Moi, ce que je savoure chez Philippe Djian, c’est l’ambiance de l’écriture. Lui appelle ça le style. C’est une atmosphère, un arrangement de vocables. Pour lui, je préfère le terme de vocable. Mot serait trivial. Comment se fait-il que la musicalité de ses vocables, groupés dans l’ensemble d’une phrase résonne de façon si harmonieuse, si jubilatoire? Il y a le travail, bien sûr, mais il y a aussi le truc magique, cette chose qui fait qu’un texte, un tableau, une photo,etc. est transcendée, sublimée par cette incompréhensible chimie qui nous fait ressentir l’âme humaine. Avec tout ce que cela implique d’agacement, d’empathie, d’émotion, de vibration. C’est ça, l’Art. Comment mettre le doigt dessus? C’est   une immense question … et voilà son intérêt! Non pas une certitude, mais un doute. Et quand on écrit sur le doute, nul besoin de point d’interrogation. Ce n’est pas particulièrement beau, ni particulièrement grand, pourtant c’est vivant, comme nous, juste comme nous, ici et maintenant. Voilà pourquoi l’art est multiple et ressenti de mille façons par mille personnalités. Notre intime diversité humaine vogue au-dessus des lieux communs, des idées reçues et du marché de l’art. Philippe Djian a su garder une authenticité qui touche au plus profond. C’est un travail,  un travail de titan que d’arriver à transmettre cette chose qui semble si simple, (re)trouver la pureté de l’écriture.

La pureté est la propriété d’un objet de ne pas contenir de corps ou d’éléments étrangers. Le caractère de ce qui n’a pas été mélangé.

– Dernière question, Lou, votre définition du rock’n’roll ?

– La pureté spirituelle, avec le rythme en plus. Le rythme du coeur. »

(François Armanet – Le Nouvel Observateur)

image-work-van_velde_sans_titre-28806-450-450Bram van Velde, 1989

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